Sans annonce, contrairement à son homologue français, le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, a procédé à un remaniement ministériel, le plus large depuis son arrivée au pouvoir. Le socialiste veut reprendre la main à un moment où la contestation est crescendo face à sa politique économique faites de mesures d'austérité impopulaires, sensées réduire un inquiétant déficit budgétaire, qui ont crevé le portefeuille des Espagnols au point où leur système D est devenu caduque. Il n'a même pas convaincu ses électeurs du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), que ce soit avec la réforme du système des retraites (une pension à taux plein après 67 ans) ou la réduction des indemnités versées pour licenciement. Ces réformes, jugées trop à droite par les électeurs de gauche et insuffisantes pour ceux de droite, ajoutées à la situation plus qu'alarmante de l'emploi en Espagne, plus de 20% de chômage, pourraient bien sceller le destin de Zapatero et des socialistes aux prochaines élections, qu'elles soient locales et régionales (22 mai 2011) ou nationales (mars 2012). Le leader socialiste n'a jamais été aussi bas dans les sondages : moins de 30% pour sa cote de popularité. Et la situation économique ne devrait pas connaître d'amélioration notable avant un an et demi, selon les prévisions les plus optimistes. Alors Zapatero a agi rapidement dans l'espoir d'infléchir la tendance baissière de sa formation. Le ministre de l'Intérieur à la Vice-Présidence du gouvernement doit sa nomination au fait que ce dernier est un des seuls membres du cabinet de Zapatero à jouir d'une forte popularité. Sa gestion du dossier ETA, qui a mené à plusieurs arrestations ces derniers mois, a pensé Zapatero, pourrait ainsi rejaillir sur le gouvernement tout entier. Alfredo Pérez Rubalcaba, qui sera l'un des meilleurs atouts du PSOE pour les élections à venir, garde son poste de l'Intérieur, cumulant ainsi les deux fonctions. En outre, et au nom de la même démarche, Valeriano Gómez, ex-secrétaire général à l'Emploi du syndicat UGT (Union générale du travail), qui avait manifesté le 29 septembre dernier contre la politique du gouvernement, a été nommé ministre des Affaires sociales ! Tentative pour diviser les opposants ? Puisque Elena Salagado, ministre de l'Economie et donc responsable de la mise en place des mesures antipopulaires, conserve sa place au gouvernement. Un signal pour les marchés. Reste à savoir dans quelle mesure les électeurs espagnols, devant lequel Zapatero demeure responsable, vont apprécier ce remaniement ministériel.