Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, conseille à ses compatriotes de la prudence et invite l'opposition à le soutenir dans un processus long et adverse. La trêve basque est entrée en vigueur hier, vendredi. Le mouvement terroriste basque a déclaré, mercredi, un cessez-le-feu permanent, qui crée l'espoir de paix très souhaité, après une lutte armée de presque quatre décennies (38 ans), faite d'explosions de bombes et d'assassinats de personnalités politiques, à travers tout le territoire espagnol, qui ont causé 851 victimes. La trêve a commencé hier, selon la déclaration lue par une femme cagoulée et accompagnée de deux hommes, eux aussi les visages cachés par des châles traditionnels basques, sur ETV, la chaîne de télévision basque. « L'objet de cette décision est d'initier le processus démocratique au pays basque pour construire un nouvel environnement qui permettra à nos droits de peuple basque d'être reconnus », a annoncé la militante des droits du peuple basque. Après de nombreux et sévères coups subis ces dernières années de la part des autorités policières espagnoles et françaises, l'ETA n'avait assassiné personne depuis 2003. Des centaines de ses terroristes sont arrêtés depuis l'an 2000, et son bras politique Batasuna et ses pourvoyeurs de fonds sont neutralisés par les réformes légales du gouvernement socialiste de José Luis Zapatero. Avec une organisation affaiblie, l'ETA a maintenu comme moyen de pression sur les entrepreneurs basques une campagne intensive de chantage, avec des petits attentats sporadiques, et aussi une manière de signaler encore son existence, avant l'annonce d'une série de rumeurs de négociations imminentes avec le gouvernement socialiste espagnol depuis 2003. Le président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero est plus enclin, que son prédécesseur, l'ancien Premier ministre conservateur José Maria Aznar, pour le partage du pouvoir avec les régions autonomes. Il a invité toutes les forces politiques à prendre part à un « hypothétique processus de paix, qui durera longtemps, difficile et adverse », avait-il déclaré, avant d'enchaîner avec un appel au peuple espagnol l'incitant à la prudence et la précaution. Le Parti populaire (PP), le meilleur parti politique d'opposition, a reçu l'annonce du cessez-le-feu de l'ETA avec beaucoup de scepticisme. Son président Mariano Rajoy a déclaré : « Le cessez-le-feu de l'ETA est une pause et non pas un renoncement aux activités criminelles ; les terroristes ne montrent pas leurs regrets et ne demandent pas pardon aux victimes de leurs barbaries. » Et les autres partis politiques d'opposition souhaitent que la justice doit continuer à fonctionner. De son côté, le leader du gouvernement basque souhaite « un dialogue sans exclusive ». Du côté français, qui est un allié de poids du gouvernement espagnol dans sa lutte contre les terroristes basques, Dominique de Villepin, le chef du gouvernement, a fait part de son soutien à son homologue espagnol José Luis Zapatero, et le Premier ministre britannique s'est congratulé : « ça peut être utile à l'Espagne d'avoir des soutiens de l'extérieur, mais c'est aux parties de s'entendre sur le terrain. » Le département d'Etat américain, qui inclut l'ETA dans la liste des groupes terroristes internationaux, s'est prononcé : « Un quelconque pas de l'ETA pour mettre fin au terrorisme est le bienvenu. Nous allons maintenir le contact avec les autorités espagnoles, avec qui nous sommes alliés dans la lutte contre le terrorisme. »