18h. Une foule indescriptible, agglutinée aux portes d'entrée de la salle Atlas à Bab El-Oued. La raison ? Le concert de la chanteuse française du hip-hop, Diam's. Alors qu'il était prévu à 19h, il n'a démarré qu'aux environs de 20h. Avant, la chanteuse, si controversée en France à cause du port du voile et de la longue traversée du désert qu'elle a connue, a improvisé un point de presse avec les journalistes. “Il faut que vous sachiez que ça fait deux ans que je n'ai pas parlé à des journalistes, et si je vous parle ce soir c'est parce que je suis en Algérie, c'est important pour vous”, a-t-elle d'emblée déclaré, tout sourire, les yeux pétillants. Et de prévenir : “Je tiens à vous dire que je ne suis plus comme avant. Je ne vais pas répondre à toutes les questions que l'on va me poser. Aujourd'hui, il y a dans ma vie une part de secret dont je ne veux pas parler.” À ce sujet, elle persistera à dire que tout sera dit dans son livre qui sortira l'année prochaine. Elle a, par ailleurs, confié que si son dernier concert remonte à trois ans, elle y est déjà retournée dans un autre contexte, celui de sa fondation Big up, versée dans l'humanitaire. C'est tout de vert vêtue, un survêtement, une casquette blanche, et maillot à l'effigie du sigle de sa fondation, et frappé au milieu de l'emblème algérien qu'elle est entrée en scène. I'm sombody, extrait de son dernier album SOS, est le premier titre qu'elle interpréta, annonçant le début d'une soirée très électrique, très “ouf”. Le public en délire – composé de bambins et d'adolescents avec leur mère – n'arrêtait pas de scander “Diam's !”, de crier, voire hurler, de gigoter dans tous les sens. Il y en avait même certains qui brandissaient sa photo. La température monte d'un cran. Après sa première chanson, la chanteuse s'adresse à ses fans (presque 2 000), leur exprimant sa joie d'être en Algérie et de les retrouver. S'ensuivirent ensuite deux autres titres du dernier album, Enfant du désert et SOS. Pour rappel, la diva du hip-hop en France a connu, durant trois ans, une période qu'on peut qualifier de noire, à l'issue de laquelle elle a été surprise, en sortant de la mosquée, voilée. Tourmentée, traquée, Diam's revient sur le devant de la scène avec un album, considéré comme très différent des précédents. Un opus très mature musicalement. Elle, qui a toujours été sous les feux de la rampe, se fait aujourd'hui plus discrète. Durant plus de deux heures, Diam's interpréta différentes chansons dont la Boulette, Marine (en référence à la fille de J.-M. Le Pen), Big Up, et bien d'autres anciens tubes qui ont fait le succès et la renommée de la star.Accompagnée de deux DJ., c'était une véritable bête de scène, dansant, chantant sans répit. Connue pour son franc-parler, elle dénonce à travers ses chansons la politique actuelle en France, la société… L'euphorie avait atteint son paroxysme lorsque, à la fin de la chanson Ma France à moi, elle cria à la foule en transe : “Ma France à moi est belle comme les Algériennes.” Elle a même porté le drapeau algérien.Alors qu'elle mettait le feu à la salle, d'autre fans, malchanceux, tickets à la main et invitation pour certains, n'ont pu accéder à la salle pleine comme un œuf, se contentant de suivre la soirée de l'extérieur, sous le regard amusé des badauds du quartier.