Pour le 65e anniversaire de sa Charte, l'Organisation des Nations unies (ONU) s'est contentée d'une “fête” à travers tous les pays membres. À Alger, on a opté pour le minimum respectant la tendance actuelle de l'organisation qui penche vers la discrétion et surtout l'omission de ses problèmes et dérives. Et point d'évocation des conflits qui perdurent depuis des décennies. Signe de la fragilité de l'organisation, les vraies difficultés ont à peine été effleurées dans les discours prononcés à Alger à cette occasion. Dans son discours, M. Mamadou Mbaye, coordonnateur résident du système des Nations unies et représentant résident du Pnud en Algérie, parlera d'une “bonne année”, une année positive en étalant des réalisations exclusivement “sociales”. Il a également fait étalage des différents mécanismes onusiens, de la coopération avec l'Algérie, et côté sahraoui, la seule question évoquée, mais sous le simple angle “humanitaire”. “Ces populations sahraouies vivant à Tindouf une situation difficile, et ce, depuis déjà plus de 35 ans”, a-t-il dit. Pas un mot sur l'occupation ou sur les populations sahraouies dans les territoires occupés. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, ne sera pas plus clair puisqu'il parlera de grandes complexités dans lesquelles il englobera les indépendances, les maladies, le changement climatique. Parlant d'indépendance dont la déclaration remonte aux années 1960, le diplomate algérien situera les difficultés actuelles dans l'accès à leur autodétermination, à l'exemple du peuple sahraoui, dans les entraves. Il n'en dira pas plus, lui aussi. En chœur, les intervenants ont sciemment omis les véritables problèmes, les vraies questions qui entourent l'ONU, son fonctionnement et ses missions. Comme son secrétaire général qui a envoyé un message dans lequel il loue “le recul de l'illettrisme, l'allongement de l'espérance de vie, la diffusion du savoir et des technologies et les avancées réalisées sur les plans de la démocratie et de l'Etat de droit”, tous les discours n'ont pas dépassé les limites de la “fête”. Paradoxalement, c'est à l'entrée de la salle qu'est laissée la lutte contre la famine. En effet, c'est à l'entrée qu'est proposée à la signature la pétition pour lutter contre la famine initiée par l'ONU. Difficile de croire encore en “la magnifique ambition exprimée dans la Charte des Nations unies” dans le contexte actuel, mais surtout dans son actuelle configuration, son fonctionnement et son traitement des questions internationales selon la logique de deux poids deux mesures. La question palestinienne est née trois ans après la Charte de l'ONU, l'Afrique a vu la naissance de nouveaux conflits et l'Onu hésite, quand elle ne se rend pas complice, à lever le doigt pour soutenir l'UA afin de trouver des solutions. D'où cette méfiance légitime à son égard que reconnaît d'ailleurs Ban Ki-moon. A-t-on d'ailleurs, en ce 65e anniversaire, évité totalement d'évoquer la réforme de l'ONU. Restera-t-elle alors un instrument d'intérêts entre les mains de ceux qui ont le pouvoir en son sein jusqu'au jour où elle connaîtra le même sort que la SDN.