À peine l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU avait-il quitté Rabat, à la fin de sa tournée dans la région, que la gendarmerie marocaine a usé de ses armes pour empêcher des Sahraouis de rejoindre un campement où se sont retranchés plus de 15 000 de leurs compatriotes pour protester contre les violations répétées de leurs droits par les forces d'occupation. Un jeune Sahraoui a été tué et cinq autres ont été blessés dimanche par la gendarmerie marocaine alors qu'ils tentaient d'accéder à un campement près de Laâyoune au Sahara occidental, où se sont réfugiés entre 15 000 et 20 000 Sahraouis qui s'y sont installés depuis le 10 octobre, en signe de protestation contre les conditions déplorables que vivent les Sahraouis depuis 35 ans d'occupation marocaine et du rejet de cette occupation et la réaffirmation de l'attachement au droit légitime du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, consacré par la charte et les résolutions onusiennes. Selon cette source, l'incident a eu lieu après une échauffourée entre “les jeunes et la gendarmerie, qui a tiré et tué un jeune âgé de 14 ans”. La même source a ajouté : “Les cinq blessés ont été transportés à l'hôpital militaire de Laâyoune.” Un témoin a indiqué que l'incident a eu lieu vers 20h, alors que le groupe de jeunes tentait d'accéder au campement. Cet incident survient le lendemain d'une visite au Maroc de l'émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, dans le cadre d'une tournée régionale visant à relancer les pourparlers entre ce pays et le Polisario. Samedi, plus de 40 citoyens sahraouis, voulant également se joindre à ce campement, ont été blessés suite à l'intervention musclée des forces de la gendarmerie marocaine, selon le ministère des Territoires occupés et de la Diaspora. Les citoyens sahraouis, qui apportaient de la nourriture et de l'eau à leurs compatriotes, “voulaient se rendre au campement en empruntant des chemins latéraux non pavés pour déjouer la vigilance des forces armées marocaines, dépêchées sur les lieux pour empêcher la venue de nouveaux manifestants”, indique-t-on aussi. En dépit du blocus imposé par l'armée marocaine, l'exode des citoyens sahraouis continue vers le camp El-Istiqlal, à l'est de la ville de Laâyoune. Vendredi matin, plus de 260 véhicules ont quitté vendredi matin cette ville en vue de briser le blocus et d'approvisionner la population sahraouie en denrées alimentaires, en eau potable et en médicaments, malgré des pressions et des provocations de la part des services de sécurité marocains, avant d'arriver au camp de réfugiés après d'âpres négociations. Selon des sources sahraouies, l'armée marocaine “impose un blocus sur les approvisionnements en denrées alimentaires, en eau potable et en médicaments, et encercle avec un mur le camp de réfugiés qui compte entre 15 000 et 20 000 Sahraouis qui s'y sont installés depuis le 10 octobre, dans plus de 5 000 tentes”. Devant ces développements, Rabat aurait entamé un important mouvement de troupes vers la ville d'El-Ayoune afin de parer à toutes éventualités. Redoutant une répression féroce des forces d'occupation marocaines, le Front Polisario a appelé la communauté internationale à intervenir pour sauver “la vie de milliers de Sahraouis innocents” installés dans des camps isolés près de la ville de Laâyoune, depuis le début du mois en cours, pour dénoncer la politique colonialiste et exprimer leur refus de la présence de “l'occupant marocain”. Selon un communiqué sanctionnant les travaux d'une réunion extraordinaire du secrétariat national du Front Polisario repris dimanche par l'Agence de presse sahraouie, cette instance “appelle à une intervention urgente de la communauté internationale pour sauver la vie de dizaines de milliers de vies humaines innocentes et éviter une catastrophe imminente”. Le communiqué met en garde contre “une catastrophe humanitaire imminente en raison de l'état de siège maintenu par les forces d'occupation marocaines autour des camps, situés à 12 km à l'est d'El-Ayoune, afin d'empêcher l'accès des moyens les plus élémentaires pour la survie, notamment en eau, nourriture et en médicaments”.