Des divergences sur les questions fondamentales ont marqué cette nouvelle étape de discussions sur le Sahara occidental, notamment sur le contenu d'un référendum d'autodétermination que le Maroc veut avec seul point l'autonomie, alors que le Front Polisario insiste sur d'autres options et particulièrement l'option de l'indépendance. Marocains et Sahraouis se sont séparés mercredi soir à Manhasset sans parvenir à un accord ni même à une avancée perceptible sur les questions de fond du conflit les opposant. Néanmoins, les deux parties ont convenu de se retrouver pour un quatrième round de pourparlers du 11 au 13 mars prochain au même lieu pour poursuivre leurs négociations. C'est ce qu'a déclaré l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, Peter van Walsum, à l'issue des travaux. Il a par ailleurs annoncé qu'il avait l'intention de se “rendre bientôt dans la région pour des consultations approfondies”, intention dont “les parties se sont félicitées”. En dépit du fait que les “parties ont réaffirmé leur engagement à faire montre de volonté politique et à négocier de bonne foi, comme le demandait le Conseil de sécurité, et sont convenues qu'il était nécessaire de faire entrer le processus dans une phase de négociation plus intense et davantage axée sur le fond”, selon van Walsum, il n'en demeure pas moins que “les parties ont continué d'exprimer de fortes divergences de vue sur les questions fondamentales en jeu”. L'envoyé spécial de Ban Ki-moon a indiqué que “les parties ont discuté mais ne se sont pas mises d'accord sur les mesures de confiance”. En d'autres termes, c'est le statu quo qui persiste. En effet, face à la rigidité marocaine de vouloir imposer le plan d'autonomie comme seule base des discussions, les Sahraouis ont eux aussi fait preuve d'intransigeance en refusant d'être spoliés de leur droit à l'autodétermination. Alors que le chef de la délégation marocaine et ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, a affirmé que le “le Maroc estime que son initiative d'autonomie constitue une solution consensuelle dans la mesure où elle a été accueillie favorablement par la communauté internationale qui l'a qualifiée de sérieuse et crédible”, Mahfoud Ali Beiba, son homologue sahraoui a réitéré l'attachement du Front Polisario à “un référendum d'autodétermination libre et juste offrant au peuple sahraoui à la fois l'option de l'indépendance défendue par le Polisario et celle de l'autonomie proposée par le Maroc”. C'est dire que les positions sont encore éloignées l'une de l'autre, et que l'on est toujours dans l'impasse. Il y a lieu de relever que Rabat bénéficie de largesses de la part de l'ONU, qui ne prend pas le soin de faire remarquer à la délégation marocaine que le fait de vouloir imposer son plan d'autonomie comme unique base des négociations constitue une violation de l'exercice du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui tel que stipulé par les différentes résolutions du Conseil de sécurité. Il s'agit d'une tentative délibérée de tronquer le principe de l'autodétermination d'un élément essentiel qu'est l'option de l'indépendance. En attendant le rapport sur les avancées de ce round de pourparlers que présentera avant la fin du mois en cours au Secrétaire général des Nations unies, Peter van Walsum, en sa qualité de facilitateur et de médiateur lors de cette troisième étape des négociations, il est à espérer que l'ONU joue un rôle permettant de faire respecter ses résolutions. Il est également souhaitable que la tournée qui mènera l'envoyé personnel onusien au Maroc, dans les camps de réfugiés sahraouis, en Algérie et en Mauritanie, pour tenter de faire avancer le processus de négociations actuellement dans l'impasse, aboutisse à des résultats concrets. K. ABDELKAMEL