Israël veut en finir avec le leader palestinien. La valise ou le cerceuil pour Arafat ? Sitôt la décision du gouvernement israélien d'expulser le président de l'autorité palestinienne rendue publique, les rues palestiniennes sont devenues noires de monde, en signe de protestation et de soutien à Yasser Arafat. Washington, le traditionnel allié d'Israël, s'oppose à une telle mesure jugée inopportune et injustifiée par toute la communauté internationale. Des menaces, Israël semble sur le point de passer à l'acte quant à l'expulsion de Yasser Arafat des territoires autonomes palestiniens, malgré l'opposition de Washington. Se rendant compte que le président de l'autorité palestinienne était incontournable dans le règlement de la crise du proche-orient, le premier ministre israélien passe aux mesures radicales pour tenter de le mettre à l'écart définitivement du processus de paix. Pour Sharon, l'expulsion de Yasser Arafat des territoires palestiniens est la solution pour son isolement. Il a réuni son cabinet jeudi et a donné le feu vert à l'armée israélienne pour procéder à son expulsion. Cette décision n'est partagée par aucune des parties engagées dans la mise en œuvre de la feuille de route, ni par aucun autre pays. Les premiers concernés, les Palestiniens, ont violemment réagi dès l'annonce de l'information en menaçant Israël qu'il paiera chèrement un tel acte. Quant à Arafat, il se dit prêt à sacrifier sa vie plutôt que d'accepter l'exécution de cette mesure. Il s'est même montré très rassurant pour calmer l'ardeur des milliers de palestiniens qui se sont amassés devant son siège, la Moukataa, à Ramallah pour le défendre. Les rues de plusieurs villes de la bande de Gaza et de Cisjordanie ont été rapidement envahies jeudi soir par les manifestants. Brandissant des centaines de photos de Yasser Arafat, ces derniers ont crié haut et fort leur refus de voir leur président quitter la Palestine. Des manifestations ont eu lieu également dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, notamment à Aïn Héloué, où l'on a enregistré plusieurs blessés. Le nouveau chef du gouvernement palestinien désigné, Ahmad Qoreï, a, pour première mesure, menacé de suspendre la constitution du cabinet de crise qu'il s'attelait à finaliser. Qoreï a mis l'accent sur la gravité de la décision d'exiler Yasser Arafat pour l'ensemble de la région, car elle mettra le feu aux poudres. Les organisations radicales palestiniennes, à l'image du mouvement Hamas et du Djihad islamique, ont prévenu Israël des graves conséquences qu'engendrera l'application de la mesure visant à expulser le leader du Fatah. Ces groupes radicaux menacent de mettre Israël à feu et sang si jamais le gouvernement Sharon passait à l'acte. Il faut dire que la décision israélienne a provoqué la réprobation générale dans la région et à travers le monde. En effet, les Américains, traditionnels alliés de Tel-Aviv, n'ont pas tardé à faire part de leur désaccord avec la décision du gouvernement d'Ariel Sharon et affirment qu'elle ne sera d'aucune utilité. Selon Washington, expulser Yasser Arafat des territoires autonomes reviendrait à lui accorder un rôle dans le processus de paix, alors qu'il en est exclu de fait maintenant. L'administration Bush est favorable à un statu quo quant à la situation du chef du Fatah. L'Union européenne ne partage pas non plus l'option israélienne et appelle à de la retenue. Devant l'effervescence provoquée dans les territoires autonomes et le rejet quasi général enregistré à travers le monde, les autorités israéliennes ont quelque peu modéré leur position. Il ne s'agit d'après un haut responsable de l'Etat hébreu, que d'une décision de principe dont l'application n'a pas encore été déterminée. C'est là une manière claire de faire baisser la tension et de choisir par la suite le moment opportun pour exécuter la sentence. Israël a de tout temps usé de ce genre de subterfuge pour tromper ses adversaires et l'opinion publique internationale. Aujourd'hui, la situation est grave dans la région et toute tentative d'expulser par la force Yasser Arafat contribuera à rendre le conflit israélo-palestinien plus inextricable que jamais. La bataille que se livrent le boucher de Sabra et Chatila et le leader de la cause palestinienne depuis des années n'est pas près de prendre fin et ce n'est là qu'un cran de plus dans le bras de fer entre les deux hommes. K. A.