Israël n'excluait plus dimanche d'éliminer physiquement le dirigeant palestinien, Yasser Arafat, mais a préféré pour le moment renforcer son isolement en décidant de ne coopérer avec aucun responsable sous ses ordres. Ainsi, la réprobation générale manifestée à travers le monde n'a apparemment pas dissuadé le gouvernement Sharon de renoncer à s'attaquer à la vie du président de l'Autorité palestinienne. Près de Ramallah en Cisjordanie, un Palestinien de 12 ans a été tué par des soldats israéliens qui ont ouvert le feu sur des lanceurs de pierres, selon des sources palestiniennes. Mais de sources militaires, on affirme qu'ils ont tiré sur des Palestiniens qui ont forcé la clôture de sécurité de l'aéroport d'Atarot. “Le cabinet a décidé en principe de se débarrasser d'Arafat, qui est un obstacle à la paix. Son expulsion est une option et sa liquidation en est une autre”, a déclaré le ministre du Commerce et de l'Industrie, Ehud Olmert, proche du Premier ministre, Ariel Sharon. Mais il a souligné préférer resserrer l'étau autour de M. Arafat, 74 ans, bloqué depuis 20 mois dans son quartier général en ruines de Ramallah. “Il est aussi possible de le confiner dans des conditions cellulaires” en le privant de “visites et de téléphone”, a-t-il dit. La présidence du Conseil a annoncé qu'elle “ne coopérerait pas avec (des dirigeants palestiniens) aux ordres d'Arafat” faisant savoir que “tout gouvernement palestinien devra avoir pour politique de se démarquer du terrorisme, de regrouper les forces de sécurité sous un commandement unique qui ne sera pas celui d'Arafat et de montrer son indépendance (vis-à-vis) d'Arafat”. Selon les médias, le chef du Shin Beth (service intérieur de sécurité), Avi Dichter, a préconisé de “liquider” le président de l'Autorité palestinienne, estimant qu'il serait plus dangereux en exil qu'en résidence forcée dans son QG. Le ministre de la Défense, Shaoul Mofaz, qui a renoncé à se rendre cette semaine aux Etats-Unis en raison de la situation sécuritaire, s'est aussi prononcé en ce sens. Mais plusieurs ministres israéliens ont indiqué qu'il n'était pas question pour l'heure d'expulser ou de tuer M. Arafat. La décision de principe de l'expulser a été prise jeudi par le cabinet de sécurité, provoquant des protestations dans le monde, alors que les Palestiniens ont manifesté en masse leur soutien à leur dirigeant. Le négociateur en chef palestinien, Saeb Erakat, a estimé que les nouvelles menaces israéliennes relevaient “des agissements de mafia et non du gouvernement”. Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a, quant à lui, répété que son pays n'était “en faveur ni de l'élimination ni de l'exil de M. Arafat”. Les chefs de la diplomatie arabes doivent se réunir le 22 septembre à New York, à l'Onu, pour discuter des menaces visant M. Arafat. Les délégués des 22 membres de la Ligue arabe en débattront lundi au Caire. En outre, Ahmad Qoreï, désigné Premier ministre par M. Arafat après la démission de Mahmoud Abbas, a indiqué qu'il poursuivait ses tractations pour la formation d'un gouvernement. Et le ministre des Finances israélien, Benjamin Netanyahu, a proposé d'achever dans les six prochains mois la construction de la “ligne de sécurité” censée protéger Israël d'infiltrations de kamikazes venant de Cisjordanie. Selon M. Mofaz, le cabinet de sécurité a décidé “d'accélérer la construction de la ligne”, dénoncée par les Palestiniens comme un “mur de l'Apartheid”. MM. Netanyahu et Mofaz ont proposé que son tracé inclue Ariel, l'une des plus importantes colonies juives de Cisjordanie. En Israël, la police et l'armée étaient en état d'alerte après des informations sur une quarantaine d'attentats en préparation. R. I. / Agences