Que ce soit Yasser Arafat, Abou Mazen ou autre qui dirige l'Autorité palestinienne, cela ne change en fait rien quant à la politique du gouvernement israélien en place. Depuis l'échec des négociations de Cap David entre Arafat et Barak en 1999, dû au refus du président défunt de brader la cause palestinienne afin d'aboutir à un semblant de règlement de paix avec l'occupant israélien, qui est loin de satisfaire les aspirations légitimes des Palestiniens, il a été accusé d'être tout simplement la cause de cet échec. L'intifadha d'El Aqsa, déclenchée le 29 septembre 2000 à travers les territoires palestinien occupés, directement liée à la visite de Sharon, à l'époque chef de l'opposition, de l'esplanade des mosquées dans la ville d'El Qods, ressentie par les Palestiniens comme un véritable défi, pis encore, une humiliation a aussi été imputée au défunt Yasser Arafat. Avec l'arrivée de Sharon, qui n'a jamais vraiment accepté ou reconnu les accords d'Oslo conclus entre l'Etat hébreu et l'OLP, à la tête du gouvernement israélien, juste quelques mois après le début de l'intifadha et l'arrivée de Bush à la tête de la direction américaine, Yasser Arafat était devenu la source de tous les maux qui rongent les relations israélo-palestiniennes. Il fallait à tout prix qu'il disparaisse de la scène politique. Sans vouloir revenir sur les conditions réelles de sa disparition en novembre 2004, emprisonné ou pas par les service secrets israéliens, le gouvernement israélien a fait de lui le premier président au monde qui ne peut se déplacer au-delà d'une superficie qui lui est délimitée par la force. Isolé, confiné dans ses bureaux de la mouqataâ à Ramallah en Cisjordanie, par l'armée israélienne, pendant près de trois ans, l'homme, âgé de 75 ans, qui a vécu un stress incessant sans jamais abdiquer, était devenu très faible physiquement. La suite, tout le monde la connaît. Il a rendu l'âme dans un hôpital français, mais la cause réelle de sa mort n'a jamais été rendue publique. L'élection d'un homme pragmatique, qui n'a jamais occulté sa désapprobation d'une intifadha armée, à l'image de Mahmoud Abbas, aurait dû améliorer un tant soit peu les relations entre les deux parties, surtout qu'il a fourni des efforts considérables afin de convaincre les mouvements palestiniens de la nécessité de stopper leurs attaques armées contre Israël ; le 8 février à Charm El Cheikh, en présence du président égyptien, Hosni Moubarak, il a signé avec Sharon un document synonyme d'une déclaration de cessez-le-feu, exigeant d'Israël un arrêt des opérations militaires dans les territoires palestiniens, la libération d'un premier contingent de 900 prisonniers palestiniens ainsi que l'évacuation de cinq villes palestiniennes de Cisjordanie, et des Palestiniens, un arrêt des attaques contre des objectifs israéliens. Sur les 900 prisonniers, Israël en a libéré 500 et évacué deux villes seulement. Hier, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a décidé de ne pas libérer « pour le moment » les 400 prisonniers restants. Il a accusé Abou Mazen de n'avoir pris aucune mesure pour juguler le terrorisme, qui continue de plus belle, selon un de ses porte-parole. A part un attentat-suicide à Tel-Aviv, qui avait fait cinq morts le 25 février dernier dont aucun mouvement palestinien n'a revendiqué la responsabilité, il n'y a pas eu de véritables attaques palestiniennes. Sharon ne veut nullement que le président Abbas réussisse. En le pressant de démanteler les organisations palestiniennes armées et rien de moins, il tente de faire éclater une guerre fratricide dans les territoires, situation qui convient pour la poursuite de sa politique expansionniste.