Source de revenus de premier ordre dans les localités limitrophes aux frontières algéro-marocaine et algéro-tunisienne, la contrebande est devenue, au fil des temps, un véritable substitutif pour des milliers de jeunes à la recherche d'un emploi ou de gain facile. Et dans la majorité des situations, ces bonnets recourent aux “recrutements” pour tisser des réseaux aux ramifications locales leur garantissant la fluidité de circulation des marchandises dans la région, d'une part, et de minimiser les risques de fortes dépenses et de poursuites judiciaires, d'autre part. C'est ainsi, et le phénomène est récurrent, qu'à chaque saisie opérée par les éléments des gardes-frontières (GGF), les douaniers, les policiers ou encore les services de sécurité en faction dans les barrages de contrôle, les contrebandiers sortent dans la rue et menacent la sécurité et la quiétude publiques. En témoigne la réaction des fraudeurs après la dernière opération et le coup de filet opéré à Oum El-Bouaghi par les enquêteurs de la section de recherches de la Gendarmerie nationale (SRGN). Selon notre source, un rassemblement a eu lieu le lendemain à Aïn M'lila à la suite de la saisie de 200 moteurs et de 500 boîtes de vitesses, en sus de l'interpellation d'un mis en cause dans cette affaire où l'enjeu dépasse les 20 milliards pour cette marchandise. Et c'est cet enjeu qui a poussé la mafia de la pièce de rechange usagée à chauffer à blanc la population et à appeler à l'émeute. Laquelle émeute n'a pas eu lieu compte tenu de la prise de conscience des jeunes qui avaient senti le roussi. Le rassemblement a duré une vingtaine de minutes avant que la foule, manipulée par des receleurs et des contrebandiers ne se disperse dans le calme. Il y a un mois, les contrebandiers de Tébessa sont allés jusqu'à attaquer un hôpital pour libérer un de leurs complices qui était hospitalisé. Evidemment, le contrebandier a réussi à s'évader. Durant la même période, un autre trafiquant est décédé dans un hôpital après une course-poursuite avec les services de sécurité. En juin dernier, des émeutes ont éclaté dans la même région suite au décès de deux fraudeurs. Un mois auparavant, le décès d'un trafiquant de carburant a semé l'émeute à Maghnia, à Tlemcen. Pas moins de 300 véhicules avaient été brûlés au dépôt des Douanes algériennes. Un précédent grave qui renseigne sur la menace qui pèse au niveau de nos frontières et sur les vies humaines qui sont au quotidien exposées au danger. Il y a deux ans, pour rappel, 300 individus, tous des contrebandiers, se sont attaqués aux gardes-frontières de Tébessa. Bilan : 9 blessés parmi les gendarmes en patrouille sur la bande frontalière algéro-tunisienne. Ce jour là, les GGF d'El-Khenig et des postes avancés de Aïn Zoghba et de Boughafa patrouillaient le long du tracé frontalier, quand 30 camionnettes, à leur bord 300 contrebandiers, surgissaient pour encercler les gendarmes, visiblement surpris par une attaque meurtrière. Le motif : les fraudeurs étaient venus récupérer les marchandises et les véhicules saisis. À la même époque, une centaine d'individus a assiégé les douaniers à Bir El-Ater, juste après le décès de deux contrebandiers dans une course-poursuite engagée par les tuniques grises derrière un véhicule transportant du carburant destiné à la contrebande vers la Tunisie. C'est dire que ce qui s'est passé à Aïn M'lila n'est qu'un prolongement de faits “cousus” par une mafia qui, confortablement installée dans des hôtels de luxe des pays voisins, jettent en pâture, avec la complicité des contrebandiers et des commerçants indélicats, des jeunes dans une cause perdue.