C'est à bord de camionnettes surnommées, Mig par référence à leurs vitesses, qu'une moyenne de 6 fûts par rotation est ainsi transportée de l'autre côté de la frontière où le prix du carburant est plus cher et, donc, la spéculation est plus porteuse. Pour pallier aux véhicules légers aménagés pour transporter le carburant vers la frontière et dont le risque d'interception par les services de sécurité est élevé, les groupes des filières de trafic de carburant viennent de se doter d'une nouvelle procédure plus sûre, selon eux. Le but recherché de la nouvelle découverte est de ne pas attirer l'attention des services de sécurité au niveau des points de transit. Depuis quelques mois, ils sollicitent de plus en plus des camionneurs, dont ceux de l'emploi de jeunes, qui chôment à longueur de journée, pour une location au forfait de vingt-quatre heures. Les engins roulants prisés sont ceux munis de tracteurs, notamment ceux dotés de deux réservoirs. Un seul réservoir peut contenir jusqu'à huit cents litres en gasoil. Avec deux réservoirs, ce sont mille six cents litres permettant aux trafiquant de réaliser, sur une seule opération, un bénéfice net de quinze mille dinars. Le camionneur qui assure trois rotations par jour peut gagner jusqu'à cinquante-cinq mille dinars en l'espace de vingt-quatre heures. Ce genre de contrat illégal et mafieux est passé entre le propriétaire du camion et les contrebandiers de la filière gasoil. Ce marché, qui saigne l'économie nationale, est devenu monnaie courante dans cette région, selon des sources dignes de foi. La collecte du gasoil par les camionneurs au niveau des pompes des stations Naftal limitrophes à la frontière algéro-tunisienne s'effectue de jour et sans inquiétude du moment que l'approvisionnement en carburant n'est pas un délit, quelle que soit la quantité puisque la vente n'est pas ambulante. Une fois approvisionné, chaque camion verse sa contenance dans des fûts dissimulés dans des garages en milieu rural. Une fois la nuit tombée, la marchandise est acheminée vers l'autre rive de la frontière par des jeunes conducteurs habitués à rouler tous feux éteints et sur les terrains les plus accidentés. C'est à bord de camionnettes surnommées Mig, par référence à leurs vitesses, qu'une moyenne de 6 fûts par rotation est ainsi transportée de l'autre côté de la frontière où le prix du carburant est plus cher et, donc, la spéculation est plus porteuse. Les contrebandiers sont, certes, des Algériens de nationalité mais ils vivent sur cette lisière et sont à 90% des Tunisiens de souche ayant de forts liens de parenté et d'intérêts en Tunisie. Une situation qui facilite leurs opérations sur les deux territoires. Malgré la vigilance des éléments des GGF, le trafic et la contrebande demeurent omniprésents tout au long de l'axe frontalier de cent vingt kilomètres.C'est à cause de cette contrebande que la pénurie du carburant est une réalité quotidienne ici. Mais, la question est très sensible car, souvent, ces populations justifient le recours à la contrebande pour pallier aux conditions économiques précaires dans la région. H . Maalem