Des policiers sont entrés dans le centre de correction de Hassiba-Ben-Bouali pour arrêter 22 enseignants protestataires. L'arrêt de travail de deux heures (10h à 12h) que devaient observer, hier, les correcteurs du bac au lycée Hassiba-Ben-Bouali a vite fait de tourner au vinaigre. C'est vers les coups de 11h45, à quinze minutes de la fin de la protestation, que des policiers sont entrés à l'intérieur de l'établissement pour procéder à l'interpellation de Redouan Osmane, le porte-parole de la Coordination des lycées d'Alger (CLA). Dans la foulée, deux autres membres de la coordination ont été arrêtés à leur tour. Ce qui a provoqué l'ire des correcteurs qui ont décidé de sortir dans la rue pour crier leur rage. Des renforts de police arrivent, mais les enseignants refusent de rejoindre leur travail tant que leurs trois collègues ne sont pas libérés. Les protestataires improvisent alors un sit-in tout en scandant les mots d'ordre du mouvement des professeurs de lycées. Après de longs palabres, les policiers qui promettent l'imminence de la libération des membres de la Coordination arrivent à convaincre les grévistes, en majorité des femmes, qui acceptent de rejoindre l'établissement. Il ne s'agissait, en réalité, que d'une ruse, puisque profitant de ce moment précis, des policiers procèdent à de nouvelles arrestations. Au total donc, il y a eu 22 arrestations. “Les policiers arrêtaient les professeurs comme de vulgaires hors-la-loi. C'était insupportable, il fallait voir la violence à laquelle ont eu recours les policiers”, déclare une correctrice qui travaille dans un autre établissement. Ainsi, malmenés, les enseignants refusent de reprendre le travail. Hier, 16 septembre 2003. 14h. Devant le lycée Hassiba-Ben-Bouali, à Kouba. Des forces de police en grand nombre cernent l'établissement, et le passage est fermé à tout le monde. Des fourgons bleus stationnent à proximité de l'entrée principale. Des groupes de police antiémeutes sont positionnées çà et là, en prenant soin d'être le plus discrets possible. Un officier renvoie avec autorité tous ceux qui tentent d'emprunter la route longeant le lycée. À 14h30, les enseignantes décident de rentrer chez elles, mais elles sont déterminées à ne reprendre les corrections qu'après la libération de leurs collègues interpellés. “Nous travaillons dans différents lycées et nous nous sommes retrouvés ici juste pour la correction des épreuves du bac. Puisqu'on répond par la répression à nos légitimes revendications, nous allons durcir le ton et Bouteflika assumera seul l'escalade”, affirme une correctrice qui précise : “Il semblerait que seuls les professeurs hommes ont été arrêtés.” La correction du bac risque de ne pas se faire, aujourd'hui, au cas où les membres de la Coordination arrêtés par la police ne seraient pas libérés. S. I.