Ce concert gratuit, retransmis en direct sur les ondes de la Chaîne III, a connu une forte affluence du public. Les jeunes étaient présents, mobilisés et, surtout, tous contre le sida. La station de radio, Alger Chaîne III, en partenariat avec l'Office national de la culture et l'information, a organisé, mercredi passé, à la salle El-Mougar, un concert de sensibilisation et de solidarité envers les malades, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, coïncidant avec le 1er décembre de chaque année. Cette soirée, qui a connu une forte affluence du public, a également été rehaussée par la présence de Nacer Mehal, ministre de la Communication, de Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, et de Touffik Khelladi, directeur général de l'ENRS. MM. Mehal et Ould Abbès ont mis en exergue le rôle des médias dans l'accompagnement du travail des associations qui activent sur le terrain. Place ensuite à la musique pour adoucir les mœurs, et aux artistes qui sont, généralement, les plus aptes à faire passer des messages. Et c'est le groupe Caméléon, révélé dans l'émission radiophonique “Serial Taggeur”, de la Chaîne III, qui a ouvert le bal. H'Cène et ses acolytes ont interprété quelques-uns de leurs titres fortement inspirés du chaâbi et même du raï (un mélange explosif !), notamment Rechany, El Bir sghir et la sublime balade, Li Leh, qui, en l'espace de quelques semaines, est devenue un tube… Un véritable hymne. Caméléon allie beauté de la mélodie, sens du rythme et pureté des textes, qui sont écrits dans un très joli arabe dialectal. Les Caméléon ont également revisité Elle m'a dit, de Cali, et la magnifique Damaâ, d'Athmène Bali. Le maître de cérémonie, Mahrez Rabia, a ensuite invité sur scène le chanteur Samir El-Assimi qui, comme son pseudonyme l'indique, a interprété un répertoire algérois. Les chansons de cet artiste, médecin de formation, ont eu un écho chez les jeunes, qui n'ont interrompu aucunement leurs danses endiablées, malgré l'exiguïté des lieux. Le jeune et non moins prometteur groupe El Dey a enchanté la salle avec ses rythmes gnawis fusionnés à du flamenco. Une union improbable ? Pas quand on s'appelle El Dey, qu'on a la niaque et qu'on veut à la fois faire méditer et voyager le public. El Dey ont interprété, entre autres, Ana Djazaïri , et revisité Noudjoum El lil, de Cheikh El-Hasnaoui. Triana d'Alger, qui puise dans le patrimoine flamenco mais qui offre des compositions originales, ont enflammé la salle avec des titres tels Morena et Lawah lawah (une reprise). Réda Sika a largement séduit l'assistance. Quant au groupe Dzaïr, il a donné une touche rock à la formidable chanson, Hiziya, écrite par Mohamed Benguitoune et immortalisée par Abdelhamid Ababsa. Quelle belle reprise ! Joe Batoury a clôturé cette soirée, qui s'est terminée aux environs de onze heures et qui a tenu toutes ses promesses. Car la bonne musique était au rendez-vous, les associations étaient présentes — elles ont distribué des prospectus où il y avait certaines des indications pour se prémunir du sida, dont nul n'est à l'abri —, les artistes ont fait passer quelques messages et les jeunes ont exulté. Cette soirée cathartique a fait son effet. La lutte contre le sida continue et le meilleur moyen de sortir de la stigmatisation est de parler de cette maladie en toute liberté et en toute transparence. Et, d'ailleurs, le slogan de la Chaîne III de cette année est éloquent. “Le sida parlons-en.”