La crise qui secoue le FLN, depuis le début de la restructuration des kasmas, est entrée dans une nouvelle phase : le chef d'orchestre du “complot scientifique”, Abdelkader Hadjar, se serait mis de la partie. Selon des sources sûres, l'ambassadeur d'Algérie en Egypte se serait déplacé à Alger pour rencontrer le chef de l'Etat et débattre de la crise qui secoue le FLN, que préside, à titre honorifique, le président Bouteflika. Lors de cette rencontre, Hadjar aurait affiché clairement son opposition à ce que Belkhadem reste à la tête du vieux parti. Il aurait proposé sa destitution et la mise en place d'un directoire qui comprendrait des jeunes et d'anciens cadres du parti. L'on ignore qu'elle a été la position du chef de l'Etat à ce sujet. Mais une chose est sûre : lorsque Hadjar s'en mêle, c'est que les jours de Belkhadem à la tête du FLN sont comptés. Et ce n'est pas un hasard si, ce week-end, les néo-redresseurs sont revenus à la charge pour enfoncer davantage le patron du FLN. Le porte-parole des opposants, Mohamed Seghir Kara, est revenu dans son fief, Bouira — là où Belkhadem était venu reconnaître qu'il y avait péril en la demeure — pour sortir quelques dossiers sur la gestion du parti par Belkhadem, en évoquant l'affaire du logement acheté par un entrepreneur de Batna à Staouéli pour un membre du bureau politique, contre son entrée au Comité central. Kara dira, en plus, qu'une quarantaine de membres du CC ont des démêlés avec la justice, allant jusqu'à affirmer que certains étaient d'anciens militants de l'ex-FIS. L'entrée des “hommes d'affaires” au sein du Comité central du FLN a été justifiée, par Belkhadem, comme étant la volonté du parti à faire participer ces derniers à la concrétisation, sur le terrain, du programme présidentiel. En réalité, c'est un retour d'ascenseur que Belkhadem et des membres influents du bureau politique ont été obligés de faire, sachant que Belkhadem lui-même a intégré “le milieu des affaires” et a pignon sur rue, à Bordj El-Kiffan notamment, où il est propriétaire d'une clinique. Les néo-redresseurs ne s'arrêtent pas là. Ils affirment que Belkhadem a des prétentions pour succéder à Bouteflika en 2014. Crime de lèse-majesté dans un parti où on a la sacro-sainte habitude d'attendre qu'on décide, “en haut”, de la direction du vent, pour se mettre au pas. Ali Benflis l'aura appris à ses dépens et ce n'est pas un Belkhadem qui aurait, toujours selon les néo-redresseurs, importé du Soudan, les slogans du 9e congrès du parti, qui pourrait peser dans la balance, sachant que la scène politique, que ce soit au sein du FLN ou dans sa périphérie, regorge d'hommes politiques dont la stature dépasse de loin celle du très controversé Belkhadem. Il va sans dire que la crise qui secoue le FLN, avec tout ce que cela pourrait impliquer comme conséquences, au cas où le statu quo serait maintenu lors de l'opération de renouvellement des mouahfadhas entre janvier et février prochains, pourrait dégénérer. Si l'opération de renouvellement des kasmas a donné lieu à des bagarres rangées, causant des blessures et surtout une cassure irrémédiable entre l'actuelle direction du parti et une bonne partie de sa base, il se pourrait que l'opération de renouvellement des mouahfadhas, dans pareil climat, sonne le glas du vieux parti. Belkhadem a-t-il mesuré les conséquences de son entêtement ? Ira-t-il jusqu'à sacrifier le parti pour satisfaire les desiderata d'une caste d'affairistes en mal de stature “politique” ? Ou joue-t-il sciemment le rôle du “casseur” du FLN pour servir d'autres partis, ou d'autres projets de création de partis ? Lui qui avait affirmé que le Comité central était le lieu idoine, pour les opposants, pour exprimer leur avis, vient de “verrouiller” l'ordre du jour de la prochaine session prévue le 18 décembre courant, afin d'éviter que le débat ne débouche sur la question de l'opération de renouvellement des instances de base du parti. Il est vrai que Belkhadem pourrait être tenté de croire que son poste à la tête du FLN, il le doit à Bouteflika et que, tant que ce dernier ne s'est pas impliqué ouvertement dans la crise qui secoue le parti, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Mais Belkhadem, en agissant de la sorte, ne fait que renforcer le rang de ses opposants. Ces derniers ont déjà réussi à faire retourner contre lui sa propre base électorale à Tiaret, comme ils l'ont fait avec celle de son bras droit, Si Affif, à Mostaganem, et un peu partout à travers le territoire national. L'entêtement de Belkhadem se comprend, dans une certaine mesure : les échéances électorales (législatives de 2012 et présidentielle de 2014) sont d'une importance capitale. En voulant anticiper sur l'après-Bouteflika, Belkhadem est en train de nager à contre-courant.