Nordine Bouterfa, P-DG du groupe Sonelgaz, évoque l'existence de divergences avec les initiateurs du projet de production de l'électricité solaire Desertec. Sollicité sur les ondes de la radio Chaîne III pour donner son opinion à ce sujet, Nordine Bouterfa a restitué le projet “dans son cadre, celui d'initiative d'entreprise industrielle visant à promouvoir le développement du solaire, notamment dans les pays d'Afrique du Nord”. La vision de ce projet est, selon lui, “louable comme principe de développement durable”. L'idée du projet est, relève-t-il, algérienne et a été évoquée par l'Algérie en 1993 à Tunis lors de la Conférence sur le développement et le fonctionnement des grands réseaux interconnectés. “Nous nous rejoignons sur le principe mais nous nous divergeons un peu sur les formes”, reconnaît-il. Si Disertec est une initiative qui vise à promouvoir les énergies renouvelables, “nous, nous voulons être acteurs et je crois que c'est un peu la différence d'appréciation entre l'Algérie et les promoteurs du projet. Les visions sont partagées à ce propos”, commente-t-il. Mieux, pour ce projet, l'Algérie revendique “la création d'un marché d'Afrique du Nord, accompagné d'un développement technologique et industriel dans la région”, a-t-il ajouté. Pour M. Bouterfa, “il faut au préalable savoir quel intérêt la société de faire partie de la société DII, créée pour gérer ce projet ?”. Desertec, faut-il le rappeler, est un projet lancé en 2009 et soutenu principalement par l'Allemagne et l'Espagne. Il a pour objectif de produire de l'électricité solaire dans le désert nord-africain à travers la construction d'un grand nombre de centrales solaires thermiques reliées entre elles et à l'Europe. Sur un autre registre, Armel, une entreprise de réparation de gros moteurs électriques de moyenne tension, vient d'intégrer le groupe Sonelgaz. Cette décision a été entérinée par le Conseil des participations de l'Etat (CPE). Cette intégration est dans la phase de formalisation administrative. Ce transfert s'inscrit dans une stratégie industrielle qui consiste à réaliser un maximum de travaux de réparation en Algérie, d'une part, et d'acquérir un savoir-faire et une expérience en matière de technologie, d'autre part. “Cela s'inscrit également dans une politique qui vise à fabriquer des pièces de rechange à haute valeur ajoutée en Algérie, telles celles des turbines à gaz”, explique Nordine Bouterfa, P-DG de Sonelgaz. À moyen terme, M. Bouterfa affiche l'ambition et la volonté de son entreprise de “produire des équipements de centrales électriques, notamment les turbines à gaz dont notre pays reste un gros consommateur, avec plus de 400 machines recensées”. C'est un créneau que le groupe se doit, selon le P-DG, d'investir de par son enjeu humain, technologique et économique. Et pour le projet de création d'un pôle de travaux de réseaux de transport électrique, il a été décidé aussi d'”enrôler” l'entreprise électrification d'Algérie Al-Elec. Cette Spa a capitalisé plus de 50 ans d'expérience et de savoir-faire dans la prise en charge complète en matière d'études, de fournitures et de réalisation d'installations électriques. “Si on fait le point sur le marché des réalisations, on constatera qu'il est partagé entre les sociétés nationales et internationales, à raison de 50% chacune”, souligne M. Bouterfa, qui juge opportun de récupérer une partie de l'autre moitié. “En intégrant Al-Elec, nous détiendrons trois entreprises nationales puissantes sur le marché. Ce qui nous permettra de reprendre une grande partie du marché des travaux. Ainsi, nous pourrons intervenir dans des zones très isolées surtout dans le Grand-Sud”, affirme M. Bouterfa. Interrogé sur le projet de fabrication de photovoltaïques, il estime qu'il ne peut être rentable en petites quantités. Concernant le nouveau statut de Sonelgaz, le P-DG avoue qu'il tiendra compte de deux principaux paramètres à savoir le rôle du groupe en tant qu'énergéticien (acteur sur la scène énergétique nationale) et industriel (holding) avec ses 36 entreprises créatrices de valeur ajoutée.