Pas moins de onze familles d'enseignants en retraite habitant des logements de fonction depuis plusieurs années dans le centre-ville d'Ighzer Amokrane, chef-lieu de la commune d'Ouzellaguène, soixante kilomètres à l'ouest de Béjaïa, risquent de se retrouver dans la rue en cette période hivernale, puisqu'un arrêté d'expulsion exécutoire a été pris le 2 novembre dernier par la Chambre administrative du tribunal d'Akbou. La décision d'expulsion a été rendue par la justice, à la suite d'une plainte en référé déposée par l'APC d'Ouzellaguène contre ces retraités de l'éducation nationale qui occupent, depuis plus de quarante ans pour certains d'entre eux, des logements de fonction réalisés, faut-il le signaler, par la même commune au profit des fonctionnaires du secteur de l'éducation. La première tentative de mise en exécution de cet arrêté d'expulsion a eu lieu, mercredi dernier, lorsqu'un huissier de justice, accompagné de quelques policiers et de l'avocate de l'APC d'Ouzellaguène, s'est présenté auprès des familles concernées pour leur signifier le titre exécutoire ordonnant leur expulsion pure et simple. Devant la résistance des familles mises en demeure de vider les lieux, l'auxiliaire de justice chargé d'exécuter l'arrêté d'expulsion a fini par temporiser en leur accordant un sursis de trois jours qui leur permettra d'évacuer les lieux. La durée de cet ajournement est arrivée à son terme, dimanche, puisque l'huissier de justice a menacé de revenir le lendemain matin pour jeter les onze familles en question dans la rue. N'ayant pas où aller, les familles mises en cause n'ont d'autres choix que de contester une telle décision jugée “arbitraire”, d'autant plus qu'elle intervient en pleine saison hivernale. “Nous ne comprenons pas cette injustice. Ni le P/APC d'Ouzellaguène ni le procureur de la République d'Akbou n'ont daigné surseoir à l'exécution de cette décision d'expulsion qui s'abat sur nous tel l'épée de Damoclès. Et pourtant, nous habitons en dehors de l'établissement scolaire depuis de longues années. Ces enseignants en retraite ont consacré toute leur vie au secteur de l'éducation, et voilà la récompense”, s'indigne le jeune Kamel Ferkane, un des membres des familles menacées d'expulsion. Et d'enchaîner : “Qu'ils nous disent où nous allons loger, s'ils veulent vraiment nous faire déguerpir. Nous n'allons pas nous taire de toutes les manières, car nous refusons de passer l'hiver sous la belle étoile, avec nos familles.” Notons enfin que ces familles de retraités de l'éducation ne comptent pas baisser les bras, puisqu'elles se disent mobilisées et prêtes à recourir à toute forme de protestation afin de préserver leurs toits, quitte à descendre dans la rue. Pour le moment, elles se contentent de saisir par écrit toutes les autorités concernées, dont le wali de Béjaïa, en demandant leur intervention en vue de surseoir à cette décision d'expulsion qui pourrait mettre le feu aux poudres, en poussant ces paisibles citoyens à la révolte.