Le président du Club des entrepreneurs et industriels de la Mitidja (CEIMI), M. Aggoune Abdelkader, s'est montré optimiste en commentant le projet maintenant connu de loi de finances pour 2011, discuté et approuvé à l'Apn et qui sera promulgué une fois adopté par le Conseil de la nation et signé par le président de la République. Dans un entretien accordé au quotidien Liberté, il a développé les arguments sur les points forts du projet de loi qui montre les tournants pris par la nouvelle orientation donnant la priorité à la protection nationale. Ces éléments sont perceptibles et s'expliquent par le fait que le gouvernement a commencé à réagir aux doléances des opérateurs nationaux demandant des mesures de redressement et de soutien au secteur productif aux dépens d'une politique tous azimuts de recours aux importations, très préjudiciables à l'économie nationale. Les grands axes Sur les grands axes de la loi, M. Aggoune a souligné que son club était devenu, en l'espace de plus de dix ans d'existence, un cadre adéquat de force de proposition et de centre d'intérêt important représentant l'un des principaux pôles économiques du pays. “Chaque année, le club qui est consulté, participe aux propositions soumises entrant dans le cadre de la préparation du projet de loi dans l'espoir qu'elles soient retenues. Au début, on ne sentait pas un répondant à nos doléances. Mais, au fur et à mesure, si. Maintenant, nous constatons que le gouvernement est revenu à de meilleurs sentiments en optant pour la protection et l'encouragement de la production nationale, seuls garants de la relance économique, de la création de l'emploi et de la richesse et la préparation de l'après-pétrole.” L'émergence d'un secteur productif Concernant la place du secteur productif national dans l'économie nationale, il a déclaré que “le stade du balbutiement et du tâtonnement est passé, en comblant le vide laissé par le démantèlement du secteur public durant plus deux décennies dans de très nombreux domaines. Il va falloir le considérer et traiter avec lui en tant que partenaire de choix dans la concrétisation des objectifs de développement” en notant que “l'Algérie des années 2010 n'a rien à voir avec celle des années 1990”. Il poursuit : “Maintenant, le secteur productif, notamment privé, à travers ses Pme et Pmi et même des grands groupes, est bien debout et peut tenir tête à la concurrence étrangère, pour peu qu'il soit soutenu et protégé par des mesures appropriées.” Dans ce cadre, il a appelé à poursuivre et à approfondir les réformes engagées pour asseoir les fondements d'une économie solide en soulignant que l'idée d'ouvrir entièrement l'économie nationale aux produits étrangers sans aucun discernement ne doit plus avoir cours chez nous sous aucun prétexte. Il fit remarquer que “tous les pays, tout en se proclamant de l'Omc, prennent des mesures protectionnistes d'une façon ou d'une autre. Sur ce plan, l'Algérie a pris conscience des retards accusés et a commencé à réagir favorablement pour mettre de l'ordre, notamment dans la gestion des programmes d'importation”. “Il fut un temps où l'Algérie était, dit-il, la destination de tout produit sans distinction, le plus souvent de qualité douteuse, notamment ceux importés des pays asiatiques, en important tout sans aucune barrière douanière, ce qui a concurrencé sérieusement la production nationale”. Et d'ajouter : “Le secteur productif, malgré les efforts faits dans l'amélioration de la qualité et de la variété de la production, a subi des effets pervers, mais il a quand même résisté, et c'est tout à son honneur. Le nationalisme seul ne suffit pas, car il faut le soutenir par des mesures intelligentes et adéquates en tenant compte des exigences du marché local.” À propos des traits saillants du projet de loi, il a justement cerné ces mesures qui visent à protéger la production nationale en les centrant autour des axes suivants : 1- la poursuite de la politique de l'allégement fiscal pour les entreprises (pour lui, le maintien d'un système supportable aide à l'amélioration du climat de production et d'investissement) ; 2- le soutien à la production nationale par l'allégement des taxes douanières pour les matières premières et les intrants, notamment dans le cadre de l'Accord d'association avec l'Union européenne (depuis l'entrée en vigueur de cet accord, les entreprises algériennes importent mieux) ; 3- la protection de la production nationale par l'imposition des produits importés fabriqués localement, et ce par un contrôle rigoureux des importations (“c'est nouveau chez nous, dit-il, pour encourager la production, réduire l'importation et augmenter l'exportation en citant que les pays voisins imposent des taxes jusqu'à 30 pour cent pour nos produits exportés, alors qu'il n'y a pas de réciprocité. Il faudra y songer.”) ; 4- la poursuite de la politique de soutien à l'investissement local à travers la redynamisation des organes de soutien, dont l'Ansej pour les jeunes, l'Andi et le Fgar pour les investisseurs, la Cnac pour les plus expérimentés (“ces mesures sont perceptibles, note-t-il, à travers : les mesures de soutien dont bénéficient les investisseurs nationaux au titre d'exonération ou de réduction des différentes taxes en relevant que l'Algérie est dotée d'un système fiable et homogène mis en place permettant de soutenir le secteur productif en particulier et l'investissement en général. Toutes les catégories et toutes les initiatives peuvent trouver en ces organes de soutien le cadre approprié pour la concrétisation des projets, pour peu qu'on facilite davantage les conditions d'accès à ces soutiens et aux avantages accordés, et que les banques jouent le jeu en s'y impliquant mieux et avec plus de conviction.”) ; 5- les mesures d'encouragement aux exportations hors hydrocarbures (en dépit des efforts faits, il fait observer qu'“il reste à niveler ce système, avec notamment ceux des pays limitrophes et des pays concurrentiels”, précisant que “les produits de ces pays n'arrivent à pénétrer nos marchés que grâce aux mesures de soutien accordées aux exportateurs. Il faudra faire de même”.) ; 6- la lutte contre la fraude fiscale, et notamment en encourageant le chèque bancaire (“dorénavant, le paiement de factures en espèces de plus de 100 000 DA ne doit plus donner lieu à la récupération de la TVA. C'est une décision pratique et fonctionnelle qui va pousser les opérateurs à opter pour ce choix”, dit-il) ; Nous demandons plus Quant à la pertinence de ces mesures, il appuie la nouvelle option en faveur de ce secteur et des mesures en faveur de la production, notamment pour le lait, le blé, l'huile d'olive qui ont commencé à porter leurs fruits. Il dit qu'“il faudra travailler à renforcer et à assurer un suivi sur le terrain”. “Cela montre la bonne direction prise au lieu de continuer à se baser sur l'importation et à soutenir les agriculteurs des autres pays. Il faut aider notre agriculture tant en production animale que végétale. Le défi alimentaire doit être relevé. C'est possible”, souligne-t-il encore. La même chose pour les industries de transformation. Les efforts accomplis ont montré que l'Algérie peut, note-t-il, aller loin dans ce domaine, non seulement en couvrant le marché national, mais en songeant sérieusement à l'exportation. Il cite le cas des transformateurs de blé. L'Algérie a des capacités installées importantes lui permettant d'exporter des pâtes de qualité. Cependant, “le moment arrivera où il faut penser à des mesures de soutien aux exportateurs nationaux dans tous les secteurs essentiels pour encourager les exportations hors hydrocarbures. Ce moment n'est pas loin”, a-t-il suggéré.