Ils ont entre 3 et 7 ans, parfois ce sont des bébés d'à peine quelques mois, visiblement en bonne santé, entre les bras ou sur le giron de leur mère dont la main tendue quémande une aumône. Dès le matin, profitant des heures de pointe, et au moment où les enfants de leur âge son sur le chemin de l'école, de petits mendiants font leur apparition dans les artères de la ville de Tizi Ouzou. Ils ont entre 3 et 7 ans, ce sont parfois des bébés d'à peine quelques mois, visiblement en bonne santé, entre les bras ou sur le giron de leur mère dont la main tendue quémande une aumône. Parfois assis à même le trottoir sur des cartons ou un linge de fortune, pârfois regroupés à 4 ou 5 en des coins des rues principales de la ville, agrippés aux pans des jupes de leurs mères, ils galopent sur le trottoir en béton noir comme sur un lit de poussière. Une frange apparemment sans repères et sans parents sociables et dignes de ce nom, parlant arabe ou articulant maladroitement le kabyle pour susciter la pitié. Ils sont loin, certainement eux et leurs parents, de vivre décemment, ni encore moins de recevoir une éducation et un droit à la santé, choses ratifiées par la loi. À Tizi Ouzou, la mendicité n'a pas de limite d'âge. Des enfants, des jeunes, des vieux et des vieilles dames du troisième âge font la manche, cachant quelquefois leur visage avec un foulard ou en mettant la tête entre les genoux, suivant une forme de prosternation. Certains exhibent une ordonnance, des médicaments, un biberon… Enfin, tout ce qui pourrait inciter les passants à mettre la main à la poche et tendre une “sadaka”. Certains sont réellement dans le besoin, des handicapés délaissés, dont l'état laisse à désirer et même des chefs de famille livrés à leur sort. Le cas d'un père de famille, avec sa femme et ses deux enfants, dans une grande rue de la ville des Genêts, avait attiré l'attention de plus d'un. Jeté à la rue, on ne sait par quelle calamité, celui-ci se couvrait le visage d'une main, tout en tendant l'autre aux passants. À côté, on assiste à un autre phénomène de la mendicité, impliquant des enfants en bas âge. Ces bambins, âgés de moins de 10 ans, écument les marchés des petites ruelles et les grandes artères, demandant de l'argent ! Certains viennent des bidonvilles situés à la périphérie de la ville, souvent des communes et wilayas environnantes et qui ont fait leur sédentarisation de manière anarchique. Ces petits mendiants qu'on rencontre habituellement au chef-lieu de wilaya sont croisés dans des centres urbains environnants de la wilaya, comme Draâ Ben Khedda, Aïn El-Hammam, Azazga, Larbâa Nath Irathen…, notamment les jours de marché hebdomadaire. Ce qui démontre l'existence d'un noyau bien établi, habitué à ce “travail de rue”. Des enfants exploités au détriment de leur âge, censé être celui des petits rêves, des jeux et des contes, autour d'un bol de “lait” chaud ! Des enfants qui plus tard se trouveront touchés par d'autres fléaux, victimes de la drogue, de la pédophilie, de kidnappings… De l'œil de certains spécialistes, si la plupart des enfants accèdent normalement dès l'âge de 6 ans en classe, le manque de suivi fait que beaucoup quittent l'école avant 16 ans. Un âge (adolescence) qui nécessite une meilleure orientation et une prise en charge plus rationnelle de la part des parents ou d'autres organismes qui s'impliquent dans le domaine, comme les associations. À Tizi Ouzou, une ligue de prévention de l'enfance existe (LPSJE), elle œuvre pour la protection de l'enfance à travers des campagnes de sensibilisation et des conférences dans des écoles. Contacté au téléphone, un membre de l'association nous dira qu'aucun constat n'a été fait en ce sens par leur ligue. Le sort de ces enfants mendiants relève, pense-t-on, de l'intervention de l'Etat sur le terrain, par le biais des réseaux sociaux de protection. Une application de la loi s'impose face au phénomène. Le seul chiffre qui ressorte, c'est qu'en Algérie et pour cette année 2010, plus de 10 000 enfants sont maltraités.