Obama retire son préalable de gel de la colonisation de la Cisjordanie, penchant ouvertement du côté des Israéliens. Conforté, Netanyahu reste ferme : sa paix selon ses canons. La Ligue arabe, fidèle à elle-même, tourne en rond. Heureusement que des Latinos bravent tout cela. Tandis que la Ligue arabe n'arrive pas à trouver le temps pour se réunir et décider des suites à tenir, après l'échec de son ultimatum au président américain pressant celui-ci de contraindre Netanyahu à l'arrêt de la colonisation de la Cisjordanie, trois pays latinos et pas des moindres ont reconnu l'Etat palestinien. Grande leçon de politique. Après l'Uruguay et le Brésil, ce fut donc au tour de l'Argentine de reconnaître un Etat palestinien libre et indépendant, et surtout dans les frontières d'avant 1967. La colère est d'autant plus grande chez les Israéliens que ces trois pays hébergent d'importantes diasporas juives. Du coup, les dirigeants de ces pays encouragent le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui n'a cessé ces derniers jours de menacer de proclamer unilatéralement un Etat en Cisjordanie et à Gaza, et son négociateur aux pourparlers de la paix, Saëb Erakat, a explicité que si les Etats-Unis n'arrivent pas à imposer à Israël l'arrêt de la colonisation, les Palestiniens pourraient leur demander la reconnaissance de l'Etat de Palestine dans ses frontières de 1967. L'Argentine, le Brésil et l'Uruguay n'entendent pas rester à leur simple reconnaissance. La présidente argentine Cristina Fernandez, en informant le président palestinien de sa décision dans une lettre, a laissé entendre que son gouvernement, de concert avec ses homologues brésilien et uruguayen, allait s'activer au sein du Mercosur, organisme régional, pour plaider la cause des Palestiniens. Fin novembre, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, au pouvoir jusqu'à la fin de l'année, avait adressé une lettre similaire à l'Autorité palestinienne, reconnaissant l'Etat de Palestine dans ses frontières d'avant la guerre des Six Jours. Lula soutient dans sa lettre “la légitime aspiration du peuple palestinien à un Etat uni, sûr, démocratique et économiquement viable, coexistant de façon pacifique avec Israël, l'autre partie de la Palestine occupée en 1948”. De son côté, l'Uruguay prévoit de reconnaître la Palestine comme Etat en 2011, selon son vice-ministre des AE, Roberto Conde. “Nous œuvrons en vue d'ouvrir une représentation diplomatique en Palestine, sûrement à Ramallah”, a-t-il déclaré. À ce jour, l'Etat de Palestine revendiqué par la “Déclaration d'Alger” (1988) est reconnu par 104 pays membres de l'ONU sur 192, tandis que dans l'esprit du “processus de paix israélo-palestinien” esquissé par les Accords d'Oslo (1993), 11 autres pays ont décerné un statut diplomatique particulier à la représentation palestinienne. Précisions. La centaine de pays ont reconnu l'Etat de Palestine dans les frontières d'avant 1967, c'est-à-dire comprenant Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza. Les pourparlers de paix sont interrompus depuis l'expiration, le 26 septembre, d'un moratoire de dix mois sur les nouvelles constructions dans les colonies de Cisjordanie occupée. Le gouvernement israélien refuse jusqu'à présent un nouveau moratoire. Le président Obama, qui avait promis bruyamment de mettre tout le poids de son pays pour la création de l'Etat palestinien, a fait machine arrière pour rentrer dans les petits souliers des lobbys juifs de son pays et donc à laisser maître la droite israélienne. La Maison-Blanche a annoncé ne plus tenir à son exigence de gel de la colonisation pour la poursuite des négociations. Deux poids, deux mesures. Netanyahu, rassuré de la complicité américaine, met en garde les Palestiniens contre toute déclaration unilatérale d'un Etat palestinien ! Les Israéliens, qui ont toujours foulé les résolutions internationales ainsi que leurs propres engagements, dénoncent, dans la reconnaissance de l'Etat palestinien, une violation (!) des accords intérimaires signés entre Israël et l'Autorité palestinienne qui stipulent que le dossier de l'avenir de la Cisjordanie et de la bande de Gaza sera discuté et réglé lors de négociations. Cynisme. En abandonnant l'idée d'obtenir un gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie afin de relancer les négociations au Proche-Orient, Obama a déclaré essayer désormais de parvenir à la paix en se concentrant sur les “problèmes centraux” du conflit !