“Le cancer est une maladie génétique”. C'est l'une des principales conclusions de l'enseignant-chercheur, Farid Cherbal, lors de la présentation de sa thèse, hier matin, à l'USTHB (université des sciences et technologies de Houari-Boumediene), pour l'obtention du doctorat d'Etat en sciences de la nature. Sous le thème : “Contribution des mutations germinales des gènes BRCA1 et BRCA2 dans le syndrome héréditaire aux cancers du sein et de l'ovaire chez les familles algériennes”, l'universitaire s'est attelé à expliquer sa recherche. Ainsi, parmi les personnes atteintes du cancer du sein, certains l'auraient contracté à cause des… vandales “qui sont passés par-là”. Farid Cherbal l'a certes affirmé sous forme de boutade mais c'est loin d'en être une. Et pour cause. Ses travaux de recherche, effectués sur un échantillon de 90 familles suivies au niveau du centre anticancer de Blida, de l'hôpital militaire de Aïn Naâdja, et de deux cliniques privées installées à Tizi Ouzou et Ghardaïa, lui ont permis de conclure à l'importance du facteur familial dans les cas de ces maladies. Le chercheur explique qu'en plus des risques dus aux hormones, à l'environnement et aux risques personnels, “l'âge, le tabac ou encore l'obésité”, la génétique est un risque majeur de contraction de ce cancer. Et d'indiquer que “la maladie ne saute jamais de génération”. L'arbre génétique d'une famille constitue ainsi un élément important dans le traitement du cancer. Grâce à l'histoire héréditaire des patients, et l'utilisation des techniques de biologie moléculaire, le travail des médecins peut être facilité. Même si cette thèse, comme l'a affirmé un des membres du jury, “aura un impact certain sur le système de la santé publique”, elle ne peut être considérée comme une “solution” à la maladie. “Ce ne sont que des résultats de recherche”, a martelé M. Cherbal, tout en précisant qu'il était “un biologiste moléculaire de terrain”. Cette soutenance a permis de soulever des problèmes qui perdurent et dont les conséquences sont terribles sur les cancéreux et leurs proches. Les statistiques sont loin d'être fiables et cela concerne tous les travaux de recherche sur le cancer. “Il y a un manque de registres des cancers en Algérie”, estime le chercheur, qui rappelle que le premier registre a été réalisé à Sétif en 1989, “alors que depuis 1930, chaque Etat américain en a un”. Face aux “estimations” actuelles, un des membres du jury, le professeur Kada Boualga (chef de service de radiothérapie au centre anticancer de Blida), a affirmé qu'un plan cancer venait d'être adopté à l'APN, ajoutant qu'un accord a été conclu pour la création “d'un fonds national pour le cancer”. À noter que le néo-docteur Cherbal a obtenu la mention très honorable avec les félicitations du jury. En attendant l'utilisation de ce type de recherche, la réalité, la dure réalité est là. Chaque année plus de 3 500 Algériens meurent de cancer.