Enseignant-chercheur à l'Université des sciences et de la technologie Houari Boumediène (USTHB) et membre fondateur du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), Farid Cherbal relance son appel pour la mise en place d'une politique nationale d'enseignement supérieur et de recherche scientifique. C'était hier, à l'occasion d'une conférence de l'école «Ali Mecili» du Front des forces socialistes (FFS), organisée au siège national du parti. La conférence porte principalement sur les éléments de la crise «endémique» de l'université. Selon le syndicaliste, la crise a commencé en 1981, avec le développement démographique et les réformes «imposées par le pouvoir en place». «Nous n'avons pas de politique nationale d'enseignement supérieur et de recherche scientifique. Une stratégie qui fixe les priorités et œuvre pour une véritable structuration de la société. Ce que nous avons, c'est juste une politique de gestion des flux des étudiants. Nous sommes fiers d'avoir aujourd'hui 1 200 000 d'étudiants mais cela ne veut pas dire qu'il faut privilégier la politique du nombre sur celle de la qualité». Farid Cherbal, dans son analyse de la gestion socio-pédagogique de l'université, constate que «beaucoup de choses ont été faites et sont faites dans le sens de l'amélioration des conditions d'accueil de ce étudiants : hébergement gratuit de plus de 50% des étudiants, transport gratuit… et des bourses à plus de 80% de ces étudiants». En parallèle, la formation pédagogique est laissée de côté : «Nous n'avons pas de budget de formation pédagogique. Je veux parler des travaux pratiques, des stages de formation en milieu industriel, des conférences en dehors des établissements universitaires… En 1988, l'Etat consacrait 700 euros pour la formation pédagogique de chaque étudiant. En 2004, à peine s'il avait mis 5 000 DA». Farid Cherbal insiste sur ce point : «Il faut qu'il y ait un budget conséquent pour la formation pédagogique de nos étudiants». Autres éléments de la crise, le chercheur cite la dissolution de l'Organisme national de la recherche scientifique (ONRS), l'exil interne (vers les entreprises privées) et externe (vers les pays étrangers) des enseignants et des étudiants, la faiblesse de l'économie nationale… et la négligence de l'enseignement des langues. Karim Tabou, premier secrétaire général du FFS, estime «qu'une refonte totale du système d'enseignement supérieur s'impose et que les institutions d'enseignement supérieur doivent être libres et autonomes». K. M.