Un promoteur immobilier d'Oran révélera que la majorité des marchés publics de l'habitat, soit 93%, est réalisée par le secteur privé. Une étude portant sur la nouvelle réglementation de passation des marchés publics sera élaborée, prochainement, par le Bureau international du travail (BIT), et ce, suite à une requête formulée par la Confédération générale des entrepreneurs et opérateurs algériens (Cgeoa). C'est ce que nous a indiqué, hier, M. Sadok Ben Hadj Hassine, directeur du bureau de l'OIT à Alger, lors d'une table ronde organisée conjointement par le BIT et la Cgeoa à l'hôtel El-Marsa. Cette étude sera menée, soulignera-t-il, par un groupe de trois experts qui travailleront en étroite collaboration avec le BIT. Ces experts devront d'abord faire un diagnostic détaillé sur la situation des PME-PMI et étudier l'actuel code des marchés publics. Ils examineront, dira-t-il, les multiples contraintes rencontrées par les entreprises algériennes et l'administration dans la passation des marchés publics. Le bureau international du travail fournira une assistance technique, révélera-t-il, aux entreprises et l'administration pour la formation de personnels spécialisés dans la mise en œuvre du code des marchés publics et la préparation des appels d'offres. Ce responsable soutiendra, toutefois que “le BIT pourra fournir aux entreprises algériennes un plan ou une stratégie d'assistance pour la mise à niveau des PME-PMI en difficultés”. Il estimera que l'emploi doit être une variable importante dans l'octroi des marchés publics. L'intérêt particulier accordé aux PME-PMI est dicté essentiellement par le fait que, “ce secteur est appelé à participer à l'opération de reconstruction dans les zones touchées par le séisme du 21 mai dernier”. Il plaidera en faveur d'une révision en profondeur des textes de lois régissant le secteur de l'habitat et la création d'unités de veille économique et sociale au niveau du ministère de la PME-PMI, afin de développer l'entreprise algérienne. Une telle perspective ne pourra être assurée qu'une fois l'environnement économique et juridique de l'entreprise est assaini pour garantir la sécurité au développement de la PME-PMI, ajoutera-t-il. Le représentant de l'organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), a estimé qu'il y a beaucoup de contraintes pour le développement de la PME-PMI en Algérie, notamment des contraintes institutionnelles, telles que le système bancaire, les douanes, le foncier et le code de commerce. Il révélera dans la foulée que les entreprises ont perdu près de 40 000 postes d'emploi, après le séisme du 21 mai dernier. Il proposera, enfin, “la défiscalisation des PME sinistrées”. Ce responsable avouera, que l'Onudi est prêt à prendre en charge financièrement 15 PME-PMI touchées par le séisme du 21 mai dernier en leur accordant une aide de 3 500 dollars. Sur un autre registre, M. Chemam, promoteur immobilier à Oran indiquera, que 93% des marchés de l'habitat sont réalisés par le secteur privé. Il dénoncera aussi certaines anomalies et pratiques dans l'octroi des marchés publics. Le secteur public demeure, selon lui, favorisé dans la passation de marchés publics dans le secteur de l'habitat et même si, parfois, il n'est pas soumissionnaire. Il qualifiera cette attitude des pouvoirs publics de “xénomanie”, c'est-à-dire favorise l'opérateur étranger au détriment de l'opérateur national. “Nous sommes encore dans une économie dirigée, car les prix sont administrés”, ajoutera cet opérateur, tout en affirmant que “60% des travailleurs du secteur du bâtiment et de la construction ne sont pas déclarés”. Le secrétaire national chargé de l'organique de l'UGTA, M. Djnouhat, indiquera, quant à lui, que 30 entreprises algériennes ont été sélectionnées pour la réalisation de chalets dans les zones sinistrées. Aujourd'hui, poursuivra-t-il, elles ne sont pas en mesure d'honorer 30% de leurs engagements. F. M. Les chiffres du BIT M. Eddy Bynens, expert auprès du BIT, a exposé, lors de la table ronde organisée hier, par la Cgeoa, un tableau exhaustif de la situation de la PME-PMI en Algérie. L'expert a indiqué que le nombre des PME-PMI est évalué à 200 000, employant prés de 730 000 salariés. Parmi ces salariés, il a recensé 650 000 ouvriers activant dans le secteur du bâtiment et de la construction. Le budget d'investissement de l'Etat est estimé, relèvera-t-il, à 500 milliards de DA. Ce qui représente prés de 10% du PIB. Il soutiendra, toutefois, qu'il y a 11 000 marchés publics, dont 800 traités par la commission nationale des marchés, 7 700 par la commission de wilaya et 2 000 par les structures communales. Habib Youcefi Président de la Cgeoa Le président de la Cgeoa estime que l'actuel code des marchés publics est acceptable et favorable à la passation des marchés par les PME-PMI, bien qu'il nécessite encore certains réaménagements. Il insistera sur la nécessité de prendre en charge l'aspect social, en l'occurrence l'emploi dans l'octroi des marchés publics aux PME-PMI car “ces dernières sont les plus aptes à créer des emplois”. Il affirmera, par ailleurs, que les opérateurs économiques affiliés à la Cgeoa proposeront des mesures concrètes pour améliorer les possibilités offertes aux PME-PMI de participer à la réalisation des marchés publics. F. M.