L'élimination du n°1 d'Aqmi équivaudrait, en effet, à un gros coup qui marquera sans doute un tournant décisif dans la guerre contre la subversion islamo-terroriste. Abattu ? Toujours en cavale ? L'énigme Droukdel demeure entière, et les rumeurs sur son élimination se télescopent par presse interposée. Si l'on annonce avec aplomb que le chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a été abattu lors de l'opération de ratissage déclenchée par l'Armée depuis mercredi dernier, l'information n'a été ni confirmée ni infirmée par aucune source officielle. En revanche, des sources généralement bien informées évoquent effectivement des islamistes mis hors d'état de nuire, sans préciser l'identité des terroristes abattus, une douzaine. Si l'élimination de Abdelmalek Droukdel se confirme, les services de sécurité auront inscrit un grand point à l'actif de la lutte antiterroriste. L'élimination du n°1 d'Aqmi équivaudrait en effet à un gros coup qui marquera sans doute un tournant décisif dans la guerre contre la subversion islamo-terroriste en Algérie, mais aussi, peut-être, dans le Sahel. Mais pour l'heure, le “scoop” demeure au stade de la spéculation. C'est que même les sources en mesure de confirmer une telle annonce étaient hier encore injoignables. Les trois wilayas, Tizi Ouzou, Bouira et Boumerdès sont ainsi coupées du reste du monde. Le réseau de téléphonie mobile des trois opérateurs était toujours brouillé au quatrième jour de l'opération de ratissage que d'aucuns qualifient d'envergure. Et tout porte à croire que la région restera “hors-champ” le temps que durera l'opération de l'ANP. Une opération dirigée par des officiers supérieurs de la Ire Région militaire. De gros moyens humains et matériels ont été déployés par les militaires décidés visiblement à nettoyer les maquis de Sid-Ali-Bounab de la vermine terroriste. Outre la progression terrestre entamée depuis déjà jeudi, l'Armée a pilonné à l'aide d'hélicoptères des cibles susceptibles d'abriter des caches terroristes. La pression des services de sécurité est appelée à monter crescendo, poussant les éléments des groupes armés dans leurs derniers retranchements. Outre la pression mise sur le QG de l'ex-GSPC à Sid-Ali-Bounab, les forces antiterroristes ont lancé parallèlement des opérations similaires mais de moindre envergure dans les maquis de Mizrana, Yakourène, Beggas et Cap Djinet, histoire d'empêcher les terroristes de venir à la rescousse du groupe qu'on dit important encerclé dans les denses maquis de Sid-Ali-Bounab s'étalant sur un vaste territoire compris entre Tizi Ouzou et Boumerdès. L'information, qui a couru au sujet de deux camions bourrés d'explosifs destinés à des attentats kamikazes et qui circulent dans la nature, s'est vérifiée puisque l'un des deux véhicules a été intercepté à Bordj Ménaïel. Quatre militaires ont été blessés lors d'un accrochage violent vendredi. Les blessés ont été transférés à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja, à Alger. Des sources affirment que plusieurs casemates ont été détruites, des armes et des documents subversifs récupérés. Soutenue par des centaines de soldats, l'opération est décidée suite à la capture de deux terroristes à Si Mustapha, dans la wilaya de Boumerdès, qui auraient fourni des renseignements sur la tenue d'un conclave de l'état-major d'Aqmi pour envisager une nouvelle restructuration des katibate qui ont subi d'importantes pertes. C'est ainsi que l'on a avancé la présence de Droukdel himself venu colmater les brèches de l'organisation terroriste. Donné pour mort à plusieurs reprises, le chef d'Aqmi a, jusque-là, toujours pu passer entre les mailles des services de sécurité, depuis qu'il a remplacé Nabil Sahraoui à la tête de l'ex-GSPC, le même Sahraoui qui avait destitué l'“émir” Hassan Hattab, soupçonné alors de velléités de reddition. Depuis sa désignation en tant qu'“émir” national de l'organisation terroriste, Droukdel, alias Moussaâd Abdelwadoud, avait montré d'emblée sa volonté de faire allégeance à Ben Laden, dont il cherchait la caution. Après avoir donné son quitus à l'exécution des deux diplomates algériens en Irak par Mousaâd Zerqaoui, l'ancien chimiste de l'université de Blida, qui avait rejoint les maquis islamistes en 1994, a vite fait d'adopter le mode opératoire d'Al-Qaïda. Il installera un camp d'entraînement en Kabylie pour ses nouvelles recrues venues des pays maghrébins et jette ses tentacules jusqu'au Sahel devenu le nouvel Afghanistan. Son élimination demeure pour l'heure une énigme…