Le verdict, dans l'affaire des quatre chrétiens du village Aït Atteli, dans la région de Larbaâ Nath Irathen, a été rendu hier par le juge du tribunal correctionnel de la même région qui a prononcé des peines allant de 2 à 3 mois de prison avec sursis à l'encontre des mis en cause assorties de 10 000 DA pour l'un d'entre eux. Trois des mis en cause, à savoir Mokrani Nacer, Houadj Idir et Raid Abdenour ont, tous les trois, écopé de 2 mois de prison avec sursis pour le chef d'accusation de “création de lieu de culte sans autorisation” alors que le quatrième accusé, Yahou Mahmoud, a été condamné à 3 mois de prison avec sursis assortis de 10 000 DA d'amende, en plus du chef d'inculpation retenu contre ses camarades, pour “hébergement illégal d'une personne étrangère”. À l'annonce du verdict, le juge du tribunal a déclaré que “l'Etat veille toujours, en vertu de la Constitution, sur la protection de la liberté de culte mais dans le respect des lois de la République”, alors qu'à l'extérieur du tribunal où se tenait, comme à l'accoutumée, un sit-in de soutien aux quatre mis en cause dans cette affaire dont le procès s'est tenu, pour rappel, le 28 novembre dernier, soit après trois reports consécutifs, l'on est resté convaincu, comme l'a déclaré un des protestataires, qu'“en prononçant ces peines, bien que symboliques, ce ne sont pas des personnes qui sont condamnées mais plutôt la foi chrétienne”. Les quatre mis en cause, quant à eux, comptent faire appel à la sentence dans les dix jours réglementaires. “Nous allons juste prendre le temps de consulter nos avocats”, ont-ils déclaré à leur sortie du tribunal. Lors d'un point de presse qu'il a animé dans son bureau juste après l'annonce du verdict, le procureur de la République près le tribunal de Larbaâ Nath Irathen a tenu, à l'instar du juge, à souligner que “l'Etat protège la liberté du culte et la garantit à tous les citoyens en vertu de l'article 36 de la Constitution algérienne mais la loi 06/03 de l'année 2006 était venue préciser certaines conditions à respecter dans le cadre de la pratique du culte, et dans cette affaire que vient de juger le tribunal de Larbaâ Nath Irathen suite à une plainte de citoyens du village Aït Atteli, nous ne sommes pas contre les mis en cause sur la base qu'ils soient chrétiens mais plutôt sur le fait que chaque personne voulant ouvrir un lieu de culte doit au préalable obtenir une autorisation auprès de la Commission nationale des cultes”. C'est pour rappel, principalement autour de cette commission nationale des cultes autres que musulmans que les avocats du collectif de la défense des quatre chrétiens avaient articulé leur plaidoirie lors du procès qui a eu lieu le 28 novembre dernier. Les avocats avaient mis l'accent de façon particulière sur le fait que cette commission n'est toujours pas opérationnelle sur le terrain, voire même inexistante, et c'est pour cela d'ailleurs que les chrétiens poursuivis en justice n'ont pas pu obtenir une autorisation. Mais pour prouver leur bonne foi, avaient-ils encore mis en avant, les mis en cause ont effectué des démarches auprès de l'église protestante d'Alger qui est une Association nationale agréée depuis 1974. Ce qui a poussé les avocats de la défense à conclure que toute condamnation dans cette affaire serait “une condamnation politique qui s'inscrit dans la même logique liberticide qui frappe déjà les libertés politiques, d'expression et syndicales”. Une conviction largement partagée d'ailleurs par les nombreux militants du MAK, les membres du collectif SOS Liberté et anonymes venus participer au sit-in organisé devant le tribunal.