Le chef de l'Etat, le Premier ministre et les autorités sanitaires algériennes, mais aussi la famille, l'école et la société civile doivent s'engager pleinement dans la bataille contre la pandémie du diabète. Chacun à son niveau de responsabilité, les décideurs sont les premiers interpellés sur la question par les experts internationaux. De la stratégie nationale globale jusqu'au plan de prise en charge, établi sur la base d'un registre national des diabétiques et d'un suivi analytique des patients qui reçoivent des soins, l'Etat algérien devra, désormais, secouer le cocotier. Et si les parlementaires, aux côtés des spécialistes de la santé, ont la lourde responsabilité d'établir un état des lieux sans complaisance, loin des discours réformistes et des statistiques manipulées, c'est parce que le diabète gangrène les Algériens et tue au quotidien. Ce sont près de 2 millions de personnes qui souffrent le martyre à cause des complications qui surviennent brusquement. Financièrement parlant, c'est aussi un désastre et un fardeau pour l'économie nationale. C'est que les recommandations du Forum de Dubaï sont là pour non seulement sensibiliser les chefs d'Etat et de gouvernement, mais pour exprimer cette éternelle appréhension devant les échecs répétés des politiques nationales, régionales et internationales. Sommets de Moscou et de New York, la prochaine parenthèse Les intervenants au Forum de Dubaï se sont limités à avancer des données erronées sur l'Algérie, au grand dam des officiels absents. À commencer par le coût d'un diabétique dans notre pays et qui frôle les 162 dollars, alors que cette donnée est vieille de 20 ou 25 ans ! Mais les hautes autorités algériennes sont interpellées devant le fait accompli, notamment pour leur absence à cette rencontre qui se veut un tournant pour la région Mena, à quelques mois des sommets mondiaux du diabète prévus pour le mois de septembre 2011 à New York et au mois de décembre de la même année à Dubaï. Mais bien avant, au mois de mars 2011, du sommet prévu en Russie. Tous les Etats invités ont pratiquement répondu présent. Y compris les ONG, comme celle représentée par l'ex-président Bill Clinton et qui a été de la partie. Les autres, les absents, ont délégué des directeurs centraux, des directeurs de programmes et de plans de lutte contre le diabète. Sauf l'Algérie qui aura raté l'occasion de démentir de fausses données sanitaires et d'exposer sa stratégie. Les parlementaires présents et les professeurs ont certes démontré, lors des débats dépassionnés, mais passionnants, la capacité de notre pays à juguler ce fléau à travers les expériences acquises ces dernières années. Mais cela n'a pas suffi quand on sait que les pays présents ont exposé les nouveautés apportées dans ce domaine. À peine les stratégies globales présentées, les pays présents ont peaufiné la Déclaration de Dubaï. Une déclaration sur fond d'une série de recommandations à exécuter et à enrichir selon les spécificités de chaque pays, d'une part, et à prendre en considération pour prétendre à peser au sommet des Nations unies en 2011, d'autre part. Mais l'ensemble des recommandations vont dans le même esprit : dépister le diabète à son premier stade, améliorer les politiques sanitaires nationales, établir des stratégies envers les femmes, les enfants et les vieux, protéger les femmes enceintes et les fœtus, défendre les régimes alimentaires sains et, enfin, généraliser l'activité physique pour réduire les facteurs de risque et les complications une fois le sujet atteint du diabète de niveau 2, en misant notamment sur la formation continue des personnels médicaux et paramédicaux et la qualification des mécanismes basés sur les nouvelles technologies. Absente, l'Algérie est, malgré elle, signataire de ces recommandations, surtout que les panels du Mena ont fait état de leurs inquiétudes au sujet de la prise en charge insuffisante des diabétiques. Et ce n'est pas tout : au moment où les pays du Moyen-Orient discutaient de leur stratégie commune, les pays africains et maghrébins faisaient mine de ne rien entendre. Et pour cause, aucune stratégie régionale digne de ce nom n'a été présentée. Pourtant, les panels nord-africains ont brillamment démontré que c'est “possible”. Bill Clinton, un témoignage “made in USA”, pour aider le Mena Bill Clinton a ravi la vedette. Non seulement aux ministres présents et autres personnalités qui n'ont pas pourtant démérité. Il aura fallu attendre la venue du prince héritier Frederik de Danemark pour sentir cette autre différence. Mais, entre-temps, l'ex-président des Etats-Unis a épaté la présence avec son témoignage aussi vivant que poignant sur le diabète. D'anecdotes en anecdotes, Clinton impose un silence cathédrale en évoquant la mort de ses proches et de ses amis de campagne, victimes de cette pandémie. Son combat, un témoignage “made in USA”, il en fera part avec des mots simples et frappants les esprits pour défendre la bonne cause, mais d'abord les sujets vulnérables : les enfants. “Faites des campagnes, non pas pour se faire élire, mais pour sauver les enfants de cette catastrophe mondiale !” clame l'orateur qui a subjugué l'assistance. Abordant le mode de vie qui change au détriment des bonnes habitudes, Clinton plaide, pendant une heure de temps à la tribune, pour l'implication du mouvement associatif et le déploiement des plans de sensibilisation pour freiner le diabète à son premier stade, en citant l'expérience de Novo Nordisk dans la bataille quotidienne contre le diabète. “Cette pandémie est un fardeau pour les économies et les populations. Quand j'étais président, je m'intéressais beaucoup au sujet, mais après mon départ de la Maison-Blanche, je me suis consacré à l'Association américaine des diabétiques. La première cause qui m'a motivé à le faire, c'est l'obésité. C'est le problème numéro 1 aux USA. Ensuite, le diabète et ses complications, comme les gangrènes. Là, j'ai vu des enfants de 9 ans atteints de diabète de type 2 à cause de l'obésité”, témoigne encore Clinton. Qualifiant le diabète de “manifestation du monde moderne, sujet à stress, à la dégradation des modes de vie et de manque d'hygiène, d'activité sportive et de malnutrition”, il avoue que cette pandémie a coûté aux USA la bagatelle de 160 milliards de dollars ! Affichant sa disponibilité à aider les pays touchés par ce fléau, Clinton dit tout de go : “Je suis là pour vous aider. Je suis prêt à aider tous les pays présents à ce forum à travers ma fondation. Il ne suffit pas de dépenser de l'argent dans les programmes sanitaires. Cet argent doit être d'abord consacré à développer la santé maternelle pour protéger les prochaines générations. Développez les stratégies et les plans de lutte contre le diabète, l'espoir est entre nos mains et des décideurs. À ce moment-là, nous pouvons prétendre au changement à long terme pour éradiquer cette pandémie.”