Le tribunal pénal de Bir-Mourad-Raïs a traité, dimanche dernier, une affaire liée au trafic de drogue dure, à savoir l'héroïne. Cette audience a révélé que les dealers concluaient leurs transactions dans des endroits que l'on ne peut soupçonner et qu'ils changent souvent leurs numéros de téléphone. Quant à leur indentité, elle n'est jamais réelle. En effet, 6 personnes dont 4 Africains se sont présentées devant la barre. L'accusé principal, un jeune émigré qui travaille actuellement dans le mobilier, son complice, un jeune boulanger arrêté par la police en possession de capsules d'héroïne ainsi que les dealers africains. Ces derniers ont avoué avoir trouvé une astuce en mélangeant l'héroïne avec des psychotropes et d'autres médicaments pour augmenter son poids et devenir plus toxique et dangereuse. L'accusé principal T. M. a reconnu qu'il consommait de l'héroïne. “Je fais de mon mieux pour arrêter”. Il justifia sa consommation de différents psychotropes saisis dans son domicile par le fait qu'il est dépressif et qu'il prend ces médicaments sur prescription médicale. Il a également déclaré au tribunal qu'il avait l'habitude de se déplacer jusqu'à Kahwat Chergui à Dergana pour s'approvisionner en drogue dure au domicile des ressortissants africains. “Je faisais généralement d'abord la commande par téléphone et je récupérais les capsules près d'un poteau électrique”. Son complice, S., un boulanger, a reconnu lui aussi qu'il était un consommateur mais pas un dealer. Concernant sa relation avec l'accusé principal, il argue du fait que “ma boulangerie se situe devant son commerce et il me dépanne avec des capsules de temps en temps”. Interrogé par le magistrat, il répondit qu'il avait acheté 3 capsules de M. à 3 000 DA alors que ce dernier affirma qu'il les avait achetées auprès des Africains dealers à 7 000 DA le gramme ;“si j'étais un dealer, je ne le vendrais jamais à ce prix bas”, précise M. qui a fourni aux enquêteurs de la police des informations permettant l'arrestation des dealers et le démantèlement du réseau. Il est revenu sur ses déclarations devant la police : “Jétais sous l'effet du valium, je ne suis pas un dealer mais un consommateur et je suis actuellement une cure comme le prouve mon dossier”.Si les deux Algériens ont reconnu les faits, les 4 accusés africains ont nié les accusations ajoutant qu'ils n'ont jamais touché à l'héroïne et qu'ils ne connaissent aucun des deux Algériens. Le magistrat a fait appel à deux avocats maîtrisant les langues française et anglaise pour pouvoir les auditionner d'autant qu'ils ont donné une fausse identité aux enquêteurs. Ils ont déclaré qu'ils travaillent en Algérie dans des chantiers et que leurs passeports leur ont été volés par des bandits (…).Le parquet a requis une peine de 15 ans de prison ferme et 2 millions de DA d'amende pour chacun. Le verdict sera prononcé le 19 décembre prochain. La défense d'un consommateur d'héroïne a plaidé pour le non-emprisonnement des consommateurs de drogue en Algérie mais plutôt pour leur hospitalisation afin de suivre une cure de désintoxication “comme c'est le cas à l'étranger”. Les avocats ont insisté sur le fait que le phénomène de consommation de la drogue dure prend de l'ampleur. “Des dizaines d'affaires sont traitées quotidiennement par les instances juridiques mais la solution n'est pas la prison mais plutôt une vraie prise en charge dans un centre de désintoxication”. La région de l'est de la capitale est devenue malheureusement “le fief” du trafic de drogue dure connue comme la drogue des riches vu son prix. Les services de sécurité ont procédé ces derniers mois au démantèlement de plusieurs réseaux à travers le pays.