La relance de l'Union du Maghreb (UMA) passera-t-elle par la création de la Communauté économique maghrébine ? S'inspirant des expériences qui ont fait leur preuve en matière d'intégration régionale, comme l'Union européenne, la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest ou l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, le secrétariat général de l'Union du Maghreb arabe semble opter pour cette démarche. Vingt-et-un ans après la création de l'UMA, le bilan est décevant dans un contexte mondial fortement marqué par les regroupements régionaux. La Banque maghrébine pour l'investissement et le commerce extérieur, prévue dès 1991 et dont le siège est à Tunis, n'a toujours pas été mise en service. Sur 36 conventions et instruments d'intégration maghrébine qui ont été signés, seulement 6 conventions ont été ratifiées. Le volume des échanges commerciaux intermaghrébins est toujours insignifiant. L'impact commercial du processus d'intégration fait apparaître des différences considérables entre les régions d'intégration économique avec un taux d'intégration commerciale de 68% pour l'UE, de 25% pour l'ASEAN, de 13,5% pour Mercosur, de 8% pour la Cedeao, de 5% pour le CGC et seulement de 2% pour l'UMA. “La Communauté économique maghrébine (CEM) est un espace économique intégré. Ce n'est ni un cadre institutionnel supplémentaire par rapport à l'UMA, ni un changement de cap au niveau de ses principes. Mais une démarche innovante qui consiste à relancer et accélérer le processus d'intégration, en agissant sur les quatre niveaux de liberté de circulation”, souligne l'étude menée par le groupement Idealconsult-Loui Berger SA, indiquant que la démarche de relance du processus d'intégration de l'UMA par la création d'une communauté économique maghrébine “correspond au stade actuel de réforme et de modernisation des économies des différents pays maghrébins, tous engagés dans un processus de partenariats bilatéraux et multilatéraux”. Idealconsult estime que le cadre institutionnel de l'UMA, malgré ses dysfonctionnements conjoncturels, se prête bien à la création de la CEM. Le cabinet précise que “l'étude n'a pas pour objectif de trouver des solutions aux contraintes politiques connues”. Cependant, affirme-t-il, “la réalité montre qu'il existe des possibilités de contournement de ces contraintes, en s'appuyant sur les dynamiques bilatérales et multilatérales dont font partie les pays de l'UMA pour faire avancer la création de la CEM et sa mise en œuvre”. L'étude suggère un desserrement des contraintes institutionnelles du fonctionnement de l'UMA par l'assouplissement du système de décision, à travers l'élargissement du champ des compétences du Conseil des ministres des Affaires étrangères. Les objectifs recherchés consistent dans la création d'un marché commun maghrébin, une économie maghrébine intégrée, l'instauration des quatre libertés de circulation et l'harmonisation des politiques macroéconomiques et fiscales. L'étude évoque les cinq étapes de création de la Communauté économique maghrébine. La première concerne la mise en place de la zone de libre-échange du Maghreb. La seconde porte sur le renforcement de l'intégration sectorielle notamment dans les domaines stratégiques de l'agriculture, des transports, des nouvelles technologies, de l'énergie, de l'industrie et des finances. La troisième étape prendra en charge l'harmonisation des politiques macroéconomiques. La quatrième étape est la création du marché commun maghrébin. Il s'agit d'un objectif stratégique de la CEM, à travers la mise en place d'un cadre de gestion et des instruments régissant la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux. Enfin, la dernière étape porte sur la création de l'Union économique et monétaire du Maghreb, un objectif à long terme, nécessitant un minimum de 10 ans de mise en œuvre. “Une des options ouvertes de cette étape peut être la monnaie unique.” Dans le cadre des politiques sectorielles, l'étude recommande la mise en place d'un certain nombre d'institutions, entre une agence de promotion de l'investissement du Maghreb et une autorité de régulation régionale du marché maghrébin des télécommunications.