L'intégration maghrébine en matière économique et commerciale n'est pas pour demain, parce que les Etats maghrébins n'y ont pas mis la volonté politique voulue. Et, au fil des années, l'idée d'un ensemble régional soudé s'effiloche. Pourtant, un Maghreb uni c'est plus qu'une nécessité dans un monde gagné par la globalisation. Selon une réflexion faite par Fatima Roumate, chercheuse en droit économique international et européen, l'émergence des ensembles régionaux et la création des zones de libre-échange entre l'Union européenne et certains pays du Maghreb, notamment le Maroc, la Tunisie et l'Algérie, l'Union du Maghreb arabe (UMA) est devenue une «nécessité stratégique» et la «seule solution» qui permette à cette région d'affronter les défis imposés par la libéralisation. C'est un avis discutable, car il est des pays de l'UE qui ne souhaitent pas qu'il y ait intégration. La preuve, l'Union européenne a négocié des accords d'association séparés et non un accord d'association global avec les pays du Maghreb. Une démarche collective discutée avec l'ensemble des pays du Grand Maghreb aurait été bénéfique pour ceux-ci. Fatima Roumate évoque des aspects politiques, estimant qu'il faut faire face à toutes les entraves qui handicapent le succès de l'UMA et accélérer le processus de libéralisation des biens, des personnes, des services et des capitaux, par la réalisation d'un marché commun selon l'article 2 du Traité constitutif de l'UMA. Dans ce sens, il est, selon elle, impératif de «stimuler la coopération technique d'abord» au niveau de l'UMA ensuite entre ce dernier et l'UE. L'objectif est de développer les capacités technologiques des pays maghrébins. Elle souligne que le Maroc, par exemple, est tenté de «favoriser ses relations non seulement avec l'Union Européenne, mais en priorité avec les pays du Maghreb». Il est aussi appelé à fournir plus d'efforts afin d'aboutir à une dynamisation de l'Union du Maghreb arabe et de créer une coopération technique au sein de ce groupement régional. Pourtant, cela exige non seulement une «volonté politique» mais aussi le «renforcement du rôle de la société civile» dans le développement technologique de cette région sachant pertinemment que cela est nécessaire dans une mondialisation de plus en plus exigeante, écrit-elle. La science et la technologie sont perçues comme la base fondamentale du développement technologique et économique des pays développés et ceux en développement. Cependant, ces derniers «ne sont pas prêts» à relever les défis d'un environnement technologique en constante mutation, ajoute-t-elle. Il leur manque la base de connaissances, les institutions capables de percevoir les enjeux, les limites et l'aptitude à réaliser les réformes nécessaires pour accélérer le développement technologique et économique ainsi que le financement des compétences indispensables pour innover, adapter et se diversifier. Pour ne pas noircir davantage le tableau de la construction maghrébine, il faut retenir le fait que des initiatives aient été entreprises ou même réalisées dans les secteurs de l'énergie, des PME/PMI, de la banque, des re sources humaines… Mais cela reste insuffisant. Y. S.