Les hostilités diplomatiques entre l'Algérie et la France ont repris de plus belle après une sensible accalmie caractérisée par un ballet de responsables français à Alger. La cause, cette fois, une histoire de visas refusés à des responsables de la pêche qui devaient assister à la réunion de la Cicta (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique) qui a vu d'ailleurs le quota algérien dispatché entre la Libye, la Croatie, l'Egypte et le Maroc. Au-delà de la perte d'une grande partie du quota algérien de thon rouge, due, selon le ministre algérien de la Pêche, au refus inexpliqué et non notifié des demandes de visas formulées pour les représentants du ministère devant assister à la réunion de la Cicta, c'est l'attitude de la représentation consulaire de la France à Alger qui a été remise en cause, en ce sens qu'elle n'a pas appliqué le principe de réciprocité en matière de visa. À l'accusation de M. Khenafou, ministre de la Pêche, au comportement incompréhensible du consulat de France, défendu juste après par l'ambassade, la réponse est qu'aucune demande n'a été déposée. La partie algérienne réplique par des arguments tangibles et des preuves. Alors qu'on s'attendait à des gestes d'apaisement, le ministère algérien, ayant introduit un recours, c'est au tour du Quai d'Orsay de rejeter, dans les mêmes termes que le diplomate en place à Alger, l'accusation algérienne. “À ma connaissance, aucune demande de visa n'a été déposée en ce sens”, a déclaré la porte-parole adjointe du Quai d'Orsay, Christine Fages, en réponse à une question au sujet de la plainte du ministre algérien qui a déclaré mardi à la Radio nationale que les représentants algériens n'ont pas participé à la réunion faute de visas qu'ils n'ont pu avoir à temps. Il y a lieu de croire que quelque chose se cache derrière cette “escalade” autour, encore une fois, de la récurrente histoire de visas sachant que Paris demeure irrité par la durée des séjours accordés aux hommes d'affaires français par les représentations algériennes. Les autorités françaises, sous prétexte d'investissement, reprochent à leurs homologues algériens de délivrer des visas court séjour “aux investisseurs” français. Le consul général de France a annoncé, dans le sillage de la mise en application de la nouvelle formule, l'application de la réciprocité pour les demandeurs algériens de visas. En fait, cette tension est perceptible depuis bien des mois, et les intentions et les multiples tentatives de dégeler cette relation tumultueuse entre Paris est Alger ont souvent tourné court en raison d'interférences et de parasitage qui émanent du propre camp de la droite où le poids des nostalgiques de l'Algérie française est considérable et influent. Il s'agit d'une fâcheuse tendance qui se manifeste en France pour obstruer toute amélioration du climat franco-algérien. Particulièrement ces dernières années, allant de l'affaire des moines de Tibhirine à l'affaire du diplomate Ziane Hasseni et bien d'autres avant cette affaire de visas pour la réunion de la Cicta où les responsables diplomatiques français contredisent le ministre ; à peine s'il n'est pas clairement accusé de mentir pour justifier son ratage. Et la nouvelle locataire du Quai d'Orsay, Michèle Alliot-Marie, créditée d'une bonne entente avec l'Algérie, semble se résigner devant le poids de l'Elysée, des lobbies si ce n'est qu'elle suit la tendance. Dernier acte qui aurait pu accentuer cette dégradation des relations et les déclarations qui sont loin d'être diplomatiques, les visites des deux députés socialistes français à Alger, le candidat déclaré aux primaires du PS, Valls, mais surtout l'ancien premier secrétaire du PS, François Hollande, reçu à Alger comme un ministre notamment par le deuxième homme de l'Etat, le président du Sénat, Abdelkader Bensalah. Ce qui aurait poussé Paris à durcir le ton et à riposter par ce message qui, encore une fois, pour prendre toute sa mesure, ne prend aucun détour en ciblant des officiels.