Alors que la France dément avoir refusé des visas aux négociateurs algériens, le ministère de la Pêche maintient son accusation. «Le consulat ne peut que constater qu'aucun dossier de demande de visa n'a été déposé par ces personnes. En liaison avec le ministère des Affaires étrangères algérien, les autorités diplomatiques et consulaires françaises traitent toujours dans les meilleurs délais les demandes de visa déposées par les membres des délégations officielles algériennes devant se rendre en France», a indiqué hier, l'ambassade de France à Alger. Cette déclaration n'est pas faite pour taire une polémique au centre de laquelle se trouvent les responsables du ministère de la Pêche. D'un côté, le consulat de France à Alger dément avoir refusé des visas aux négociateurs algériens; de l'autre, le ministère de la Pêche maintient ses arguments et justifie que ledit consulat n'a pas attribué de visas à ses représentants. Qui a menti alors dans ce cas? Auparavant, des responsables au ministère de la Pêche ont en effet, justifié leur absence à la réunion de l'Iccat (Commission internationale de gestion des thonidés de l'Atlantique) par la non-attribution de visas aux deux représentants algériens. Le ministre de la Pêche a-t-il menti sur les vraies raisons qui ont empêché l'Algérie de négocier son quota de pêche au thon rouge? Jeudi dernier, Abdallah Khanafou a attribué cette situation au refus de la France d'accorder des visas aux négociateurs algériens. «Cette année, nous n'avons pas été présents à la réunion de l'Iccat faute de visas. Nos deux représentants n'ont pas pu avoir les visas à temps de la part du consulat de France», a-t-il déclaré. Résultat des courses: l'Algérie a subi un véritable camouflet. Elle ne pourra pêcher que 138 tonnes de thon durant l'année 2011 alors que durant l'année 2010 elle a été autorisée à avoir plus de cinq fois ce volume. Rappelons qu'en 2010, l'Algérie a pêché 680 tonnes de thon suivant son quota officiel. Depuis le 17 novembre à Paris, une cinquantaine de pays des quatre coins du monde ont pris part, durant deux semaines aux négociations portant sur les quotas de pêche du thon rouge. Qui est responsable de cette défaillance? Qui payera les frais de ce manque à gagner pour l'économie nationale? Les prochains jours ne manqueront pas de révéler les dessous de cette autre affaire aux relents de scandale. Car de toute évidence, cette affaire laisse perplexe. Déjà, bien avant la tenue de cette réunion, des officiels algériens ont soutenu que l'Algérie n'a pas pêché de thon rouge cette année. De leur côté, les professionnels soutiennent que les quotas non déclarés sont deux fois plus importants que les quotas avancés officiellement. Il y a anguille sous roche, allions-nous dire. N'est-ce pas que les informations selon lesquelles le thon rouge algérien se consomme ailleurs par des contrats illégaux, se renforcent davantage? Le marché parallèle n'est pas présent uniquement sur les trottoirs. Il se fait également en haute mer. Combien de fois des infractions ont été relevées et des trafiquants condamnés à payer des amendes. Ces derniers concluent des conventions de vente dans le marché informel. Interrogé sur la situation de la pêche du thon en Algérie, le président du Comité national des marins-pêcheurs indiquera que «les quotas non déclarés constituent le triple des quotas avancés». Et en termes de thon apparemment, les scandales réussissent bien au ministère de la Pêche géré pendant très longtemps par des militants du MSP. On se rappelle de l'affaire de la pêche illicite du thon rouge à Annaba. Huit personnes parmi les dix mis en cause, le secrétaire général et le directeur des pêches maritimes et océaniques du ministère de la Pêche et six armateurs turcs ont écopé de deux ans de prison ferme, chacun. L'armateur algérien, impliqué dans le trafic de thon avec les Turcs, a, pour sa part, été condamné à une peine de trois ans de prison ferme.