Les raisons de ces contrats de plusieurs milliards passés de gré à gré, donc sans appel d'offres et sans publication dans le Baosem, restent inexpliquées car il s'agit de contrats d'une durée de 3 ans et de 24 mois et non de travaux d'urgence de quelques jours ou de quelques semaines. L e juge d'instruction près le tribunal d'Arzew vient de mettre sous mandat de dépôt le P-DG de l'entreprise Safir-Spa et a placé sous contrôle judiciaire plusieurs cadres de Sonatrach dont l'ex-P-DG, par intérim, Abdelhafidh Feghouli. L'enquête remonte au mois de juillet, suite à l'article paru dans Liberté sur l'affaire Sonatrach Safir-Spa. En effet, après les derniers scandales de Sonatrach, les langues se sont déliées. Selon les documents en notre possession, deux conventions-cadre et un contrat, passés de gré à gré par Sonatrach avec Safir-Spa, une société algéro-française d'engineering et de réalisations, dont l'Etat algérien détient 51% (Sonatrach 36% et Sonelgaz 15%) et l'entreprise française Marais contracting 49%, pourtant le DG (un ancien cadre de la Sonatrach) de la partie française, gère l'entreprise Safir-Spa, malgré les 49% seulement. Le procédé de gré à gré a semé le doute, puisqu'il s'agit de montants très importants. Conventions Sonatrach-Aval/Safir Spa, montant : 168 milliards de centimes et Sonatrach-Enip/Safir-Spa, montant : 27 milliards de centimes, pour des prestations d'engineering et de services de projets, et enfin un contrat de réalisation d'un centre de stockage d'azote pour le montant de 58 milliards de centimes avec un délai de réalisation de 24 mois à partir du 20 juillet 2008 passé, et avec un ordre de service sous le numéro 48/2008, où étude et réalisation sont mentionnées. Tous ces contrats sont passés sous le procédé de gré à gré avec une société ou tout le personnel (DG, DAF, DTech, directeur d'exploitation) de la partie française est algérien. Installée depuis le départ de l'entreprise Gaz de France en 2003, Marais contracting a pris le relais dans Safir-Spa, en 2004. Mais, en 2005, ses employés entamèrent des sit-in et une grève pour dénoncer l'incompatibilité et l'inutilité de cette partie française qui n'a rien apporté au groupe Safir-Spa. À part, les gros contrats décrochés de Sonatrach et les bénéfices énormes récoltés grâce au procédé du gré à gré. La poignée de cadres français profitent des compétences algériennes, sous-payées, en louant chèrement leurs services à Sonatrach (passe de 2 500 à 5 000 DA/h pour un cadre à titre d'exemple). Même les réalisations sont effectuées par des sous-traitants algériens, à en croire nos sources. Les raisons de ces contrats de plusieurs milliards passés de gré à gré, sans solliciter des appels d'offres et les publier dans le Baosem, le bulletin d'appel d'offres du secteur de l'énergie et des mines, comme le stipule la réglementation en vigueur, restent inexpliquées car il s'agit de contrats d'une durée de 3 ans et 24 mois et non des travaux d'urgence de quelques jours, voire de quelques semaines. Depuis 2004, combien de contrats de gré à gré ont été contractés avec Safir-Spa ? La question taraude tous les concurrents et toutes les personnes avisées de Sonatrach. Après, les dernières affaires qui ont secoué Aval et le GNL-16 à Oran, y aura-t-il une nouvelle affaire Sonatrach-Safir Spa ? Aujourd'hui, c'est chose faite, l'affaire est entre les mains de la justice.