RESUME : Tous trois vont dans un salon de thé. Sihem est très gênée en la présence du père de son ami. El hadj Tewfik est très déçu du choix de son fils. Sihem a tout pour plaire. Seulement elle est plus vieille que lui. Djamel ne pouvait pas tomber plus mal. 14eme partie -Mon Dieu, pourquoi ces problèmes n'arrivent qu'à nous ? soupire le vieux père, pour la énième fois de la journée. Enfermé dans le bureau des comptes, à l'arrière-boutique, depuis plusieurs heures, il s'y était réfugié, à l'abri des regards des employés. C'est l'unique endroit où il pouvait être tranquille. Il avait besoin de réfléchir à ce qu'il venait de découvrir. Djamel est amoureux d'une femme plus âgée que lui. C'est pire qu'un handicap. Il n'a que vingt-sept ans et elle en avait plus de quarante. Elle ne le lui avait pas dit, mais le vieil homme en est sûr et certain. Il en est encore tout bouleversé. Si Djamel ne tenait pas autant à elle, il prendrait le risque de lui ouvrir les yeux et de les séparer maintenant avant qu'il ne s'engage plus loin avec elle. Mais il n'avait d'yeux que pour elle. El hadj Tewfik avait proposé à Djamel de l'accompagner à la boutique mais celui-ci avait mieux à faire. Le téléphone rompt le silence de l'arrière-boutique. El hadj n'a pas envie de répondre mais il ne supporte pas le bruit de la sonnerie. Il décroche et reconnaît vite sa femme Chafika. Elle est inquiète. -Tu n'es pas rentré déjeuner, je peux savoir pourquoi ? - J'ai à faire, ment-il. Je suis désolé. - Tu avais prévu de rentrer, lui rappelle-t-elle. Sinon pourquoi m'avoir demandée de te préparer du poisson ? El hadj ? Tu vas bien ? - Oui, oui. Tu n'es pas sortie avec Djamel ? l'interroge-t-il. - Si, mais on n'a pas tardé. Tout comme toi, il avait à faire. Est-ce que tu as eu le temps de déjeuner au moins ? demande-t-elle. - Oui, ment-il. J'ai pris quelque chose à midi. Chafika, tu m'excuses mais on a besoin de moi, prétexte-t-il pour pouvoir raccrocher rapidement. À tout à l'heure ! Quand on frappe à la porte, il croit que c'est une de ses employées. Le vieil homme s'efforce à sourire en voyant son fils pousser la porte. Il constate qu'il n'était pas dupe. Djamel le connaît très bien, trop bien même. Il savait. - Pourquoi ? l'interroge-t-il, restant debout, le regardant dans les yeux. Pourquoi lui en veux-tu ? Qu'est-ce que tu lui reproches ? - Rien. Enfin tout, lâche le vieux père qui avait hésité un moment avant d'être franc avec lui. Tu ne t'en rends pas compte ? Est-ce que vous vous êtes déjà vus dans une glace ? - Bien sûr ! Mais apparemment, tu as vu ce qui nous échappe. Je peux savoir quoi ? - C'est une divorcée ? l'interroge-t-il. - Non, maman, avec sa mauvaise langue, dirait que c'est une vieille fille, répond Djamel. Mais elle n'est pas vieille ! - Comment ça qu'elle ne l'est pas ? rétorque le vieil homme. Elle t'a dit son âge ? Je suis sûr que tu l'ignores encore. - Je connais tout d'elle, lui affirme son fils. - Ah oui ? Quel âge a-t-elle ? - Quarante-trois ans ! Ne me dis pas qu'elle est trop vieille pour moi ? glisse Djamel. Tu ne le penses pas quand même ? Les épaules de son père s'affaissent soudain, alors qu'il se prend la tête entre les mains, comme si un malheur lui était arrivé et qu'il ne pouvait rien faire pour y échapper. (À suivre) A. K.