RESUME : El hadj Tewfik s'est enfermé depuis longtemps dans l'arrière-boutique. Il a le sentiment qu'un malheur s'est abattu sur lui. Djamel est tombé amoureux d'une femme bien plus âgée que lui. Si elle avait quinze ans de moins, il n'aurait pu qu'être heureux pour son fils. 15eme partie Comment se fait-il qu'elle soit encore célibataire à son âge ? l'interroge son père. Elle est pourtant belle, il ne lui manque rien. Elle est instruite et a tout pour plaire. Je suis intrigué. Ce n'est pas normal qu'elle soit encore célibataire. Djamel connaît tous les détails de la vie privée de Sihem. Fille de chahid, elle avait aidé, tout en allant à l'école, sa mère à élever ses deux frères. Une fois adultes, à peine sortis du lycée, ils s'étaient trouvés du travail loin d'Alger, ils s'étaient mariés et aucun des deux n'avait songé à prendre leur mère. Cette dernière, gravement malade, s'était retrouvée seule. Sihem terminait sa formation en paramédical. Contrairement à ce que pensait el hadj Tewfik, elle avait eu de nombreux prétendants et même des partis très intéressants. Seulement, Sihem avait une condition pour accepter : que sa mère vienne vivre avec elle. Aucun de ses prétendants n'avait voulu. Sihem s'était consacrée alors à sa mère, se partageant entre sa mère et son travail. Atteinte d'un mal incurable, elle ne tardera pas à rendre l'âme. Trois années à souffrir. Sihem était encore marquée par cette dure épreuve. Elle lui avait confié que la mort l'avait soulagée des pires souffrances de sa maladie. En y mettant fin, elle la délivrait de toutes ses responsabilités. Sihem se retrouvait seule, à quarante ans. Et depuis une année, ils se fréquentaient. Lorsqu'il avait parlé de ses sentiments, elle n'y avait pas cru. Mais il avait insisté, la harcelant presque. Elle avait fini par céder à son charme. Quand il lui avait parlé de mariage, elle avait hésité à répondre positivement. Elle avait prévu la réaction de sa famille. - Ils nous feront des problèmes, lui avait-elle dit. Je suis plus âgée que toi. Ils le prendront très mal. Et elle avait raison. Même son père avec qui il était facile de discuter, était sur la défensive. Mais Djamel était décidé à imposer Sihem. Il ne renoncerait pas à son amour parce qu'il la trouvait trop âgée pour lui. Après lui avoir expliqué la cause de son célibat, il le laisse dans l'arrière-boutique, plus pensif qu'à son arrivée. Djamel rentre à la maison. Sa mère est entourée d'invitées, venues les féliciter pour l'achat de l'appartement. Le jeune homme va dans sa chambre et met quelques affaires dans une valise. Il préférait partir avant que sa mère ne sache. Son père ne tarderait pas à rentrer.Il allait lui apprendre la nouvelle. Si la colère de son père est sourde, celle de sa mère lui exploserait à la figure s'il avait le malheur d'être encore là lorsqu'elle saura. - Maman ! Où sont les clefs ? - Dans mon sac, répond-elle. Pourquoi ? Tu en as besoin ? - Oui. Vous avez tout réglé ? veut-il savoir alors qu'elle avait abandonné ses invitées pour les lui remettre. - Oui. Mais qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et cette valise ? - Je pars maman. Merci pour tout, lui dit-il en l'embrassant. Je n'oublierais jamais ce que vous avez fait pour moi. - C'est tout à fait normal, lui assure-t-elle. Tu es notre fils. Mais pourquoi ai-je l'impression que tu veux partir pour ne plus revenir ? - Papa te dira pourquoi. Djamel se tait lorsque son père entre, le visage sombre. Le jeune homme évite son regard. Il prend sa valise et part sous le regard choqué de sa mère. Elle ne réalisait pas encore ce qui s'était passé. (À suivre) A. K