RESUME : La Kheira est horrifiée quand son mari lui apprend qu'il venait d'héberger deux prisonniers évadés qu'il doit aider à remonter au maquis. Elle se met à pleurer, et Si Tayeb lui rappelle que tout comme leur fils Mahmoud, ces jeunes gens sacrifient leur jeunesse et leur vie pour leur pays. 47eme partie À l'aube du deuxième jour, les deux jeunes évadés sortirent de leur “abri”. Un des “frères” avait eu écho de leur présence dans la maison de Si Tayeb et s'était manifesté la veille au soir pour leur demander de se préparer à remonter dès le lendemain au maquis. Les voisines vinrent toutes l'une après l'autre les saluer et leur remettre de la nourriture, des vêtements ou des couvertures. Si Tayeb et Si Ahmed remirent à chacun une forte somme d'argent qui servira à l'achat de médicaments. Les deux jeunes gens, émus par tant de sollicitude, sortirent d'un derrière l'autre dans le froid du petit matin. On pria pour eux et lorsqu'on entendit les premiers pas des soldats qui sillonnaient les grandes ruelles du quartier, il faisait déjà grand jour, et les deux recherchés devaient être déjà bien loin. On poussa des soupirs de soulagement. Et même lorsqu'on perquisitionna la maison, aucun locataire ne broncha. La confiance régnait pleinement et les policiers n'y virent que du feu. Les mois et les années passent. Cela fait déjà quatre ans que la révolution battait son plein. L'ennemi, qui ne croyait pas trop à cette guerre, s'était fait prendre de cours. Les combattants étaient coriaces. Rien ne filtrait et tout se déroulait selon une méticuleuse organisation. On dirait que les dirigeants se refilaient des mots de passe d'une contrée à une autre et d'un bout du pays à l'autre. Partout, c'était les mêmes regains de confiance et de courage. Rien ne faisait plus peur et personne ne reculait devant les tirs et les menaces des colons. Mahmoud était venu rendre visite aux siens dans la grande maison, un jour où il avait pour mission de collecter de l'argent auprès de certains commerçants de son quartier. C'était un jeu d'enfant pour quelqu'un comme lui qui connaissait tout le monde. En le voyant, Fettouma crut à une apparition et s'évanouit. On la réanima et elle se releva pour se jeter dans les bras de son mari qui n'avait plus que la peau sur les os. Une barbe hirsute envahissait son visage et ses vêtements étaient en lambeaux. Il soulève ses enfants un par un et les serre contre son cœur sans prononcer un mot. Puis il entra chez ses parents. Lla Kheira pousse un cri. Mahmoud vint vers elle et l'embrasse tout en lui posant un doigt sur la bouche. - Chut, mère, il ne faut surtout pas ameuter tout le quartier. - Oh ! mon fils ! Oh ! Mahmoud ! Je croyais ne plus jamais te revoir. Cela fait si longtemps, si longtemps que je n'ai plus de tes nouvelles. Elle se met à pleurer en serrant la tête de son fils contre son cœur. Si Tayeb fit irruption dans la pièce et recule d'un pas. Mahmoud se relève pour saluer son père. Ce dernier, aussi ému que lui, le serre en silence dans ses bras. Si Ahmed qui revenait lui aussi de la mosquée avec Si Tayeb soulève le rideau de la porte et demeure bouche bée. - Ah ! Mahmoud ! arrive t-il enfin à prononcer. (à suivre) Y. H.