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LE FILS ADOPTIF NEGATIF
Publié dans Le Temps d'Algérie le 21 - 02 - 2009

Kheira est mariée depuis plus de cinq ans à Mokhtar, un ouvrier agricole de sa famille. Le couple s'attendait à voir sa demeure grouiller d'enfants dès la première année. Malheureusement, ils n'ont pas eu d'enfants. Ne pas avoir d'enfants est la pire des catastrophe qui puisse arriver à un couple de paysans. Même si la pauvreté est quelque peu endémique, les gens n'hésitent pas à avoir des enfants, beaucoup d'enfants, car c'est un gage pour l'avenir.
Quand ils seront grands, ils aideront la famille. La situation est délicate pour le couple. Dans ces cas-là en général, on répudie la femme et on cherche une autre qui, si elle n'est pas féconde, sera remplacée encore par une autre, et ainsi de suite. Même si la stérilité provient du mari, c'est toujours la femme qui en paye les frais.
Les hommes n'admettent pas facilement d'être inféconds. Le couple formé par Mokhtar et Kheira n'est pas un couple comme les autres, ils sont cousins, et si jamais une rupture se produit, l'onde de choc sera ressentie par toute la famille. Une telle situation est désagréable pour tous, car quand la cassure a lieu la famille sera séparée en deux blocs antagonistes qui se voueront aux gémonies pour le restant de leurs jours.
En plus, comme ils habitent le même douar (hameau), la cohabitation sera très difficile.Les uns ont besoin des autres, lors des fêtes ou des enterrements. Les parents de Mokhtar, pour éviter une telle éventualité, s'opposent à toute idée de divorce, mais ils acceptent de ramener une coépouse à leur fils.
Ils convaincront de la nécessité de la chose l'autre aile de la famille. Mokhtar aime beaucoup Kheira et sait que le mal ne vient pas d'elle mais de lui, alors il aura beau épouser une dizaine de femmes, aucune ne lui donnera d'enfants. Mokhtar qui s'est marié à l'âge de 23 ans a eu une infection urinaire, il y a sept ans. Comme son père était très pauvre, il ne l'a pas soigné.
Il a failli y passer, il a souffert le martyre, mais grâce peut-être à sa constitution physique, il en a réchappé. Il est sûr que le fait de ne pas avoir d'enfants ne provient que de cela ; cependant il ne dit rien à personne. Il laisse planer le doute pour que Kheira ne prenne pas ses airs, ou qu'elle l'accuse d'en être la cause quand elle se mettra en colère.
Quand l'homme sait que c'est lui qui est stérile, il n'accuse personne. Il prend son mal en patience et se dit que c'est le mektoub (destin) qui l'a voulu. Mais se regarder en chien de faïence durant des années, c'est pesant pour le couple formé par Mokhtar et Kheira.
Mokhtar en est conscient, il sait avec quelle envie Kheira observe les bébés de ses frères ou de ses sœurs. Un jour il osa la question qui lui brûle les lèvres depuis quelques mois : «Je crois que Dieu ne veut pas nous donner d'enfants, mais ce n'est pas une raison pour ne pas élever de bébé. On peut en trouver un. Si tu es d'accord, dans quelques jours, tu auras un nouveau-né, que tu élèveras comme ton propre fils.»
Kheira était enchantée, ça fait longtemps qu'elle a pensé adopter un enfant, mais elle n'a pas osé le dire à son mari de crainte de l'humilier. Maintenant que c'est lui qui a suggéré l'idée, elle le harcèle à tout moment pour qu'il lui ramène «son bébé».
Quelques jours passent, et un beau matin Mokhtar ramène un beau bébé emmitouflé dans une petite couverture de couleur bleue.
Dès qu'elle jeta son premier regard sur le bébé, Kheira demeura subjuguée par sa beauté, son instinct maternel l'adopta aussitôt. Il fut prénommé Anouar, de «nour» (lumière). Pour le couple, Anouar est le rayon de lumière qui allait égayer leur vie. Il fut inscrit au nom du couple : Anouar, fils unique est choyé et gâté par ses parents adoptifs. Il rentre à l'école comme tous les bambins de son âge, mais s'avéra très tôt être un piètre élève.
Il n'apprend pas ses leçons et opte pour l'école buissonnière.
Quand ses parents adoptifs s'en aperçoivent, ils lui tirent les oreilles, mais Anouar n'en a cure, il sait pertinemment qu'il ne sera pas corrigé comme il devrait l'être.
Un jour il jeta son cartable, d'où s'éparpillèrent toutes ses affaires, et décida comme un grand de ne plus remettre les pieds dans cette institution qui veut inculquer le savoir de force à des gamins qui ne veulent que s'amuser. Trop débonnaires, Mokhtar et Kheira le laissèrent faire. A partir de 14 ans, Anouar descend au village, où il s'inscrit aux techniques de vol, il vole pour manger, pour s'acheter des effets vestimentaires et pour fumer.
Il réussit à tous ses coups et s'enhardit de plus en plus à mesure qu'il grandissait.
Loin d'être le garçon idéal, Anouar donna du fil à retordre à «ses parents», il est devenu une source de soucis. Toutes les prévisions de Mokhtar et de Kheira tombèrent à l'eau.
Ils avait pensé qu'avec un seul fils ils feraient de lui une élite, quelqu'un qui serait un monsieur qui forcerait le respect. Ils auraient aimé faire de lui un médecin ou un avocat, fonctions très prisées à cette époque, et même tout récemment, avant que le mot trabendiste n'entre dans le lexique et supplante tous les autres emplois.
Mokhtar et Kheira se disent que si Anouar est comme ça, c'est qu'il n'est pas le sang de leur sang et la chair de leur chair, s'il était leur propre fils il n'aurait pas été ainsi. Anouar donne de plus en plus une image négative de sa personne. Il est maintenant âgé de 20 ans et n'aide en rien sa famille.
C'est un parasite plutôt qu'autre chose, mais malgré cela on songe sérieusement à le marier. Peut-être qu'en le responsabilisant, il changerait d'attitude. Anouar s'enfonce chaque jour un peu plus dans les méandres de l'alcool et de la drogue. Ces produits coûtent cher, ils ne sont pas à la portée de sa bourse décharnée.
Pour se procurer de l'argent, il va demander à Kheira qui lui en donnait pour acheter des cigarettes, mais maintenant qu'il demandait toujours plus, elle était incapable de suivre son rythme.Une bouteille de vin ou un joint, ce n'est pas donné, et plusieurs fois des disputes éclatent entre la «mère» et le «fils», à l'insu de Mokhtar.
Un jour, Anouar pris de rage, du fait du refus de Kheira de lui donner de l'argent, se met à casser toute la vaisselle et leva la main sur «sa mère». Indignée, Kheira se mit à crier, son neveu Habib qui était dans les environs vint à la rescousse.
En voyant Anouar tabasser Kheira, Habib se saisit d'une pelle et frappa celui-ci pour lui faire lâcher prise.
Le coup donné à la base du cou fait vaciller Anouar, qui sortit aussitôt, parcourut une centaine de mètres et s'affala sur le sol, inanimé.
Le coup s'avéra mortel. Anouar rendit l'âme quelques minutes plus tard. Affolée, Kheira qui ne s'attendait pas à une chose pareille essaya de taire les raisons du décès de «son fils» pour éviter l'arrestation de son neveu.
Anouar fut enterré, mais le neveu n'avait pas que des amis, il avait un litige de délimitation de terrains avec ces voisins, et ceux-ci n'hésitèrent pas à le dénoncer par lettre anonyme aux autorités. Arrêté il reconnut les faits, et fut incarcéré.


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