RESUME : Djamila tente de rester optimiste même si le retard de son mari est inquiétant. Il est près de minuit lorsque deux inconnus viennent lui apprendre que Omar a eu un accident. Il allait subir une intervention. Djamila n'a pas le cœur à laisser ses enfants seuls… Djamila a l'impression de vivre la nuit la plus longue de sa vie. Même si elle a demandé au taxieur de l'appeler s'il y a du nouveau, le téléphone n'a pas sonné de la nuit. Très tôt le matin, elle réveille ses enfants et les prépare pour la journée. Elle ne leur dit rien de ce qu'il est arrivé la veille. Pas avant qu'elle n'ait vu son mari. Mais avant de se rendre à l'hôpital, elle appelle l'ophtalmologue chez qui elle travaille pour le prévenir de son absence et de se débrouiller une remplaçante. Le second appel est pour ses beaux-parents. Elle les met au courant de l'accident de leur fils. Ces derniers promettent de venir rapidement. Il n'est pas encore l'heure de les envoyer à l'école mais Djamila les met dehors et se rend à l'hôpital. Au service des urgences, une infirmière lui apprend que son mari se trouve en réanimation. Dans le couloir, elle tombe sur quelques amis à son mari. Ils ont tous, pour elle, un mot gentil, de réconfort et de courage. Djamila n'a pas encore vu Omar, et quand elle le peut, enfin, elle manque de s'évanouir. Tous ces bandages, ces plâtres au bras et à la jambe, et cet appareil qui l'aide à respirer lui prouvent que Omar est gravement blessé. Cet accident aurait pu lui coûter la vie. - Hier soir, on m'a dit qu'il allait être opéré, dit-elle. De quoi ? - Il faut poser la question au chirurgien, lui répond une infirmière venue s'assurer que tout allait bien. - Où est-il ? - Au bureau, c'est au fond du couloir, à droite… Djamila y va d'un pas lent. Elle redoute d'entendre le chirurgien. Elle n'a pas besoin de lui pour savoir que Omar a échappé à la mort et qu'il faudra un miracle pour qu'il s'en sorte. Quand elle arrive devant la porte du bureau, elle n'a pas à frapper. Celle-ci est ouverte et le chirurgien est en train de boire du café. - Vous avez besoin de quelque chose ? demande-t-il en la voyant hésiter à entrer. - Je voulais vous parler, dit-elle. C'est bien vous qui avez opéré mon mari ? Il a été amené aux urgences hier soir… - Oui. Vous êtes de sa famille ? - Sa femme, précise Djamila. Dites-moi, mon mari va s'en remettre ? Avant de lui répondre, il l'invite à s'asseoir. La jeune femme remarque qu'il a le visage grave. Rien de ce qu'il pourra lui dire ne la rassurera. - Moi et mon équipe avons fait tout notre possible pour le sauver. Seulement, il a plusieurs fractures. Celle de la colonne vertébrale m'inquiète beaucoup. - Vous voulez dire qu'il ne marchera plus ? demande-t-elle. - Je le crains, avoue-t-il. Mais il y a autre chose. Ses poumons ont été endommagés. - Ses poumons, reprend Djamila. Vous voulez dire qu'il lui faudra rester branché à cet appareil… parce qu'il ne peut plus respirer… Le chirurgien hoche la tête. - Oui… Il faudra être forte, lui dit-il. - Parce qu'il passera sa vie à l'hôpital ? Ou… parce qu'il va mourir ? l'interroge-t-elle. - J'ignore comment son état évoluera, lui dit-il. Mais dans les deux cas, il faudra rester forte… pour lui, pour vos enfants si vous en avez. Djamila retourne auprès de Omar. Il est toujours inconscient. Peut-être qu'il ne se réveillera jamais ? Elle éclate en sanglots en pensant à leurs enfants. Ils sont si jeunes et ils adorent leur père. Elle ne peut qu'imaginer leur peine si par malheur il les quittait… (À suivre) A. K. [email protected]