L'association culturelle Amezgune n'Djerdjer, en collaboration avec la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou et d'autres organismes culturels de la wilaya, organise depuis dimanche dernier la 9e édition des Journées nationales théâtrales d'expression amazighe, en hommage à Saïd-Zanoun. L'ouverture a été faite dimanche passé par le responsable de la culture M. Ould Ali, M. Fatmouche, directeur de Théâtre régional de Béjaïa, M. Zanoun, à qui il est rendu hommage en la circonstance, et M. Kessi, président de l'association organisatrice de l'événement. Homme de théâtre ayant produit plus de 283 textes radiophoniques en tamazight, 34 textes en arabe et neuf textes en français, ainsi que 7 textes filmés par la Télévision algérienne, Saïd Zanoun reste une figure méconnue du grand public. Cet hommage reste d'ailleurs l'occasion de découvrir ce personnage du théâtre algérien. Né le 28 novembre 1934 au village Aït Slimane, dans la région des Ouadhias, Saïd Zanoun a suivi des études de beaux-arts à Alger, puis des études universitaires jusqu'en mai 1956. Selon une biographie établie par l'association Amezgune n'Djerdjer, notre artiste “est le premier à introduire le théâtre radiophonique policier à la radio kabyle avec les enquêtes du commissaire Amara Saïd, adapté de la grande aventure de la criminologie vécu à travers le monde, écrite par Jûrgen Thorvald”, citant à titre d'exemple “La balle qui parle, La cause de la mort, Allo Scotland Yard, La vérité colorée dans le sang, La mort par la drogue, Le poison de la nicotine…” La première pièce a été présentée par la troupe de Tlemcen, avec son atelier annexe de Tizi Ouzou, dans une présentation théâtrale intitulée Bichou. Elle mit en scène un groupe d'animaux, une sorte de république, parmi eux des humains bien sûr, qui en l'absence du lion devaient désigner quelqu'un pour remplacer le roi-lion. Mais pour cela, on devait être un bon politicien pour faire le discours idéal, une forme de campagne électorale. Parmi eux, l'âne est prétendant aux élections et peut bien faire le bon discours. Le singe aussi revendique ses compétences à pouvoir le faire. Mais pour l'inspecteur de police qui fait irruption, en pleine réunion : “un âne reste un âne !” et pas question qu'un singe devienne “chikhspeare”, pour ne pas dire Shakespeare. Tous au commissariat. L'interrogatoire commence. L'intrigue, le commissaire est chargé de trouver Bichou parmi tous les animaux, cet être plutôt imaginaire et qui appartenait à la légende. Il interrogeait chacune des “bêtes” pour débusquer Bichou qui pouvait bien être un humain ! Au commissariat, c'est le noir total, la lumière coupée. Rupture. Chaque animal relate son histoire tout en s'identifiant. Le quatrième mur est cassé, parmi le public un autre personnage entre en jeu, dans le rôle du metteur en scène. Il stoppe l'officier. “Bichou n'existe pas. C'est mythique, comme l'ogre, il appartient aux contes et aux légendes nourrissant notre imaginaire, ça ne sert à rien de semer la pagaille pour le trouver”, dira-t-il. Bichou n'est-il pas aussi cette créature de l'homme pour l'homme. Il ouvre la voie à nos cogitations pour faire installer la peur et l'obéissance, il appartient aussi au futur. Une autre pièce était prévue dans la même journée et présentée par une troupe de Boumerdès intitulée Abarnus. Au programme de ces journées théâtrales, pas moins de neuf représentations sont au programme, en plus de communications prévues tout le long de ces journées qui s'étaleront jusqu'au 30 décembre. Hier, une communication devait être donnée par Allache Nordjaï, sous le thème “Deus ex machina”, suivie d'une pièce théâtrale en kabyle sous l'intitulé de Tayri d tmest (l'amour et le feu) et de Akka i tella (c'était ça la vérité), par la troupe Ighzer Amokrane.