Il revient dans cet entretien sur la qualité des films projetés lors du festival, l'importance du court métrage, ainsi que sur la réalité du cinéma mauritanien. Liberté : Vous avez été membre du jury court métrage dans le cadre de la quatrième édition du Festival international du film arabe d'Oran. Comment avez-vous trouvé les vingt et un courts métrages visionnés ? Salem Dendou : Tous les films projetés exprimaient avec honnêteté et exactitude la réalité actuelle du citoyen arabe et les divers aspects de sa vie quotidienne. Et ceci est très important. La qualité technique était également au rendez-vous et tous ces paramètres traduisent l'évolution de l'industrie cinématographique dans nos pays. D'après ce qui nous a été donné à voir, les réalisateurs semblent plus libres dans ce genre. Qu'en pensez-vous ? Est-ce que nous sommes (en tant qu'arabes), incapables encore de raconter des histoires de longue haleine ? Le court métrage exige beaucoup de précision et de patience, parce qu'on exige au réalisateur de raconter une histoire brève et courte. Mais la plupart du temps, les réalisateurs du court métrage ont plus de liberté parce que le plus souvent, les courts métrages sont des films indépendants qui ne sont pas régis par un facteur de financement de la production à grande échelle et, par conséquent, les administrateurs. Pour ce qui est du long métrage, il faudrait se montrer plus prudent parce que sinon, on bascule dans le rembourrage, on sort du sujet, on raconte plusieurs histoires à la fois, ou alors, on se mêle les pinceaux en mélangeant le cinéma et la télévision. Par ailleurs, le cinéma arabe et surtout le cinéma maghrébin, a beaucoup évolué. Beaucoup considèrent le court métrage comme un exercice avant de s'attaquer au long métrage. Qu'en pensez-vous ? Chacun des deux genres a ses propres spécificités mais il est vrai que le court métrage est une porte pour le long. Je pense personnellement qu'il est plus difficile de faire un court métrage parce qu'il demande précision et clarté de la vision. Toutefois, il faut être expérimenté pour faire un long métrage. De ce que vous avez vu durant le festival, par quoi est caractérisé le cinéma maghrébin ? Le cinéma maghrébin demeure engagé et indépendant, comparativement au cinéma du Machreq. On connaît peu de choses sur le cinéma mauritanien. Comment se porte-t-il ? Le cinéma mauritanien renaît. C'est une renaissance après une coupure qui remonte aux années 1970 : une période politiquement tendue où la majorité des créateurs avaient émigré. Actuellement, le cinéma revient timidement ; ce retour est notamment représenté par la création d'une association cinématographique appelée “Dar El Sinimaiyyine” (la maison des cinéastes) qui organise des formations et encourage la production. Elle organise annuellement un festival intitulé “la Semaine nationale du film” qui initie chaque année un panorama sur les cinémas voisins. Ce sera le cinéma algérien qui sera à l'honneur à la prochaine édition. L'association a également produit plusieurs courts métrages (fictions et documentaires).