Au plus bas dans les sondages, situation que n'a connu aucun de ses prédécesseurs en dehors de Jacques Chirac au cours de son second mandat, les Français se demandent si leur président trouvera les ressorts nécessaires pour regagner leur estime à l'occasion des vœux qu'il leur présentera en fin de semaine. L'année 2010 a été particulièrement difficile pour lui, au point où beaucoup, y compris dans son propre camp, se demandent s'il est le bon candidat pour la présidentielle de 2012, c'est-à-dire s'il possède les moyens de rebondir au cours de l'année qui vient pour prétendre à sa propre succession à l'Elysée. Les élections régionales ont été son premier échec politique de l'année, la gauche ayant raflé la mise alors que l'UMP comptait lui reprendre quelques régions. La réforme des retraites, menée à la hussarde selon ses détracteurs, a provoqué un mécontentement populaire qui a davantage plombé le président dans l'opinion publique. Avec la réforme territoriale et la suppression de la taxe professionnelle, il a également soulevé l'ire des élus. Résultat : 24% seulement d'opinions favorables, ce qui représente, l'un dans l'autre, le noyau dur de ses électeurs. C'est qu'en 2010, Nicolas Sarkozy a cumulé handicaps et revers. Le poids de la crise, face à laquelle il n'a pas pu mettre en place un plan de relance efficace, a été un facteur aggravant de sa lente descente aux enfers. L'affaire Woerth-Bettencourt, qui a éclaté au beau milieu de la bataille législative sur les retraites, a indirectement éclaboussé le président et contribué à ternir son image. Le dernier remaniement ministériel qui a vu le Premier ministre confirmé à son poste, a mis à nu des dissensions au sein de la majorité et a obligé Nicolas Sarkozy à composer avec des ténors de sa majorité qu'il n'aurait pas dédaigné d'écarter s'il en avait la latitude. L'affaire Clearstream, habilement exploitée par Dominique de Villepin pour jouer les victimes expiatoires d'un président dont il a voulu prouver, non sans succès, l'acharnement n'a pas contribué, loin s'en faut, à améliorer l'image d'un Sarkozy vindicatif. L'affaire est d'ailleurs loin d'être terminée puisqu'il y a un procès en appel qui s'ouvrira au printemps prochain. L'autre scandale qui constitue une véritable épine dans le pied du président français est l'affaire dite de l'attentat de Karachi. Onze Français ont péri lors d'un attentat à Karachi, survenu dans la foulée d'un contrat d'armement où sont apparues des rétrocommissions qui auraient servi à la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, alors que Nicolas Sarkozy était son porte-parole. L'affaire est entre les mains de la justice et elle pourrait pourrir l'année 2011 pour le locataire de l'Elysée. Les rumeurs sur son couple, que Rachida Dati avait été accusée de colporter et dont la gestion par son entourage a été calamiteuse, ont renforcé l'image peu flatteuse d'un président peu orthodoxe qui mélange affaires d'Etat et affaires privées. Nicolas Sarkozy a bien tenté une contre-offensive en essayant de remettre au goût du jour les thèmes qui lui ont valu son élection en 2007, l'immigration et la sécurité. Mais le débat sur l'identité nationale confié à Eric Besson aura été un fiasco et s'est avéré du pain béni pour le Front national. Non seulement le parti de Jean-Marie Le Pen s'est refait une santé, mais Marine Le Pen, toute désignée pour succéder à son père à la tête du parti d'extrême droite, ne cesse de marquer des points et de monter dangereusement dans les sondages. Seule consolation dans cette succession de revers, les divisions qui minent le Parti socialiste. Sarkozy et ses partisans ne désespèrent pas de voir les primaires du PS se transformer en machine à perdre et ils se frottent déjà les mains depuis l'annonce intempestive de la candidature de Ségolène Royal. Mais est-ce suffisant pour garantir sa réélection ? Rien n'est moins sûr.