De Villepin, Pasqua, Chirac, la politique et les affaires, grands déballages devant les tribunaux français. À qui profitent ces procès ? À Sarkozy ? Pas si sûr, même si les Français se trouvent ballottés entre la fièvre porcine et les prétoires, jetant à l'arrière-plan les promesses de leur Président. Ils sont nombreux à estimer que la machine à broyer l'establishment français d'hier a été mise en branle par le locataire de l'Elysée, qui pense faire d'une pierre deux coups : casser la chiraquie, d'autant que les sondages n'arrêtaient pas de donner son chef de file, l'ex-président Jacques Chirac, comme le préféré des Français, d'une part. Faire oublier à ces derniers les échecs répétitifs de Nicolas Sarkozy à mettre en œuvre ses promesses électorales, d'autre part. Pire, à son mi-mandat, les Français sont unanimes à dire que leur situation a régressé dans tous les domaines, y compris l'image de leur pays à l'étranger. Il est pour le moins assez étrange que toutes ces affaires soient remontées en même temps. Il est difficile d'admettre que ce n'est qu'un hasard d'un timing de la justice, dès lors qu'on sait que ce secteur, bien que jaloux de son indépendance, n'en a pas moins subi des foucades de la part de Sarkozy. Ne serait-ce qu'à travers les mesures à la hussardes initiées par l'ex-garde des Sceaux, Rachida Dati, choisie, certainement, pour ce coup de pied dans une institution qui, jusque-là, campait la posture d'une juridiction indépendante. L'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris, c'est en soi le procès de la chiraquie. Les faits sont anciens. Les 35 jobs de chargés de mission à la mairie de Paris à l'époque où Chirac était maire (1977-1995) ont concerné 21 de ses proches, et parmi les bénéficiaires, du beau monde : Jean de Gaulle, petit-fils du général, un frère de Jean-Louis Debré, actuel président du Conseil constitutionnel, la femme de l'ancien ministre des AE Hervé de Charette, ou encore des élus chiraquiens de Corrèze... Au cours des interrogatoires, l'ancien président de la République a nié toute malversation, admettant que certaines personnes avaient été salariées par la ville de Paris sans y travailler pour faciliter l'exercice de ses mandats. Une affaire complexe qui a obligé la justice à jeter le gant durant les deux mandats à l'Elysée de Jacques Chirac. Et voilà qu'elle est déterrée alors que le parquet avait demandé le non-lieu général en 2007 ! Avant la réactivation de cette affaire où le prédécesseur de Nicolas Sarkozy pourrait être condamné à plusieurs mois de prison avec sursis et une peine d'inéligibilité, Il y a eu le procès de l'Angolagate. Mais l'ancien premier flic de France du temps de la cohabitation avec Balladur, Charles Pasqua, n'a pas l'intention de plonger seul. Condamné à un an de prison pour trafic d'influence et recel d'abus de biens sociaux, le boss des Hautes Seine, le terrain d'envol du successeur de Jacques Chirac, a aussitôt riposté. Réclamant la levée du secret-défense dans la vente des armes, il a nommément accusé François Mitterrand, Jacques Chirac, et les deux anciens Premiers ministres Edouard Balladur et Alain Juppé d'avoir été au courant des ventes d'armes vers l'Angola durant les années 1990. Et avant l'Angolagate qui fait trembler un certain nombre de personnages de la République française, aux dires de Charles Pasqua, qui sait de quoi il parle, il y a eu l'inextricable affaire du compte bancaire de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur et déjà candidat autoproclamé à la succession de Jacques Chirac, dans une banques offshore. Dans l'affaire Clearstream, Sarkozy a poussé jusqu'au bout la justice pour abattre, il ne s'en est pas caché, un fidèle lieutenant de Jacques Chirac, Villepin, qui avait vainement essayé de lui barrer la route de l'Elysée. Sarkozy lui en a gardé rancune, Villepin en est persuadé. Et il semble que le locataire de l'Elysée ait voulu en terminer une fois pour toutes pour empêcher l'ex-Premier ministre de Chirac d'entreprendre quoi que ce soit contre son éventuelle réélection en 2012. Apparemment, erreur de calcul pour le Président, pourtant spécialiste en coups bas et en stratégies de récupération. Ce n'est qu'après un procès où il voulait le suspendre à un croc de boucher que Villepin a trouvé le statut qu'il recherchait dans la politique. Bonjour les affrontements au sein de la droite. Heureusement pour elle, la gauche ne s'en porte pas mieux. Finalement, la France est vraiment mal placée pour donner des leçons de gouvernance, comme elle se plaît à le faire hors Occident. Son histoire politique très contemporaine est marquée par des luttes acharnées pour écarter un rival, accéder au pouvoir, le conserver. Chausse-trapes, coups tordus, coups bas, déstabilisation médiatique, familiales et de mœurs, règlements de comptes, machinations juridiques, box des accusés, en général, quand tout est fini, ont défrayé la chronique. À droite comme à gauche, les dossiers noirs sont nombreux et identiques. x