Suite aux derniers développements, notamment l'incident du refoulement de Mme Lamrous, commerçante, de l'aéroport de Lyon alors qu'elle disposait d'un visa, une source auprès du ministère algérien des Affaires étrangères nous a indiqué que rien n'a été décidé de concert avec Paris et qu'Alger estime que ce genre de mesures laisse “planer le doute sur la bonne foi des milieux d'affaires nationaux”. Tout indique qu'aucune coordination n'existe entre l'Algérie et la France sur la question des visas, et que Paris agit en solo. C'est du moins ce qui ressort de la réaction que Liberté a obtenue du ministère algérien des Affaires étrangères, dont une source interrogée au sujet d'une nouvelle mesure qui obligerait les milieux d'affaires algériens à s'engager à ne pas demander de titre de séjour, ni de bénéficier de prestations sociales ou médicales en France, a révélé qu'Alger n'a été ni informé ni consulté sur la question. “Cette mesure, si elle venait à être confirmée laisserait planer le doute sur la bonne foi des milieux d'affaires nationaux”, a ajouté notre source, qui n'a pas manqué de souligner que “cette mesure préjuge du résultat des discussions consulaires devant commencer dans un proche avenir” entre les deux parties. Ceci étant, le consulat général de France à Alger, qui annonçait par la voix de son premier responsable, Michel Dejaegher, le 24 novembre 2010, qu'il venait de “simplifier les listes de pièces devant être fournies pour solliciter un visa de court séjour en qualité de commerçant pour effectuer des voyages d'affaires en France et, plus largement, dans l'ensemble de l'espace Schengen”, a effectivement annoncé la mesure, objet de la discorde. Ainsi, le consul de France dans la capitale algérienne, qui répondait à la question sur les commerçants qui se plaignaient de devoir fournir des dossiers volumineux pour demander un visa, a ajouté, en énumérant la liste des documents à fournir pour l'obtention du visa, qu'une “attestation sur l'honneur de ne pas déposer une demande de carte de séjour en préfecture ni de tenter d'obtenir indûment des prestations sociales” est désormais exigée. Selon lui, “le consulat doit, en effet, s'assurer de la réalité de la qualité de commerçant et de l'activité commerciale afin d'éviter tout abus qui nuirait à l'ensemble des commerçants de bonne foi”. À voir ces mesures unilatérales de Paris, il ne faut pas être grand clerc pour deviner que la France entend verrouiller davantage l'entrée sur son territoire pour les Algériens. À l'approche de la renégociation des accords de 1968 sur l'immigration algérienne, Paris, qui souhaite aligner les Algériens sur le régime général appliqué aux autres étrangers vivant en France, donne un aperçu sur ses intentions. La négociation s'annonce âpre car Alger est hostile à tout changement dans ces accords, même si le gouvernement français veut amener l'Algérie à accepter un nouvel accord basé sur les quotas, comme c'est le cas avec plusieurs pays africains et la Tunisie.