L'Iran, soumis à des pressions internationales accrues, a fait étalage, hier, d'une partie de son arsenal militaire dont une batterie de ses nouveaux missiles de moyenne portée Chahab-3 qui inquiètent tout particulièrement Israël. Le président Mohammad Khatami a souligné à cette occasion la détermination de la République islamique à se renforcer dans tous les domaines, y compris ceux de la défense et du nucléaire civil, et sa volonté de “détente”, en affirmant que les Occidentaux seraient mieux avisés de faire pression sur Israël que sur l'Iran. Le régime a fait défiler, près du mausolée de l'imam Khomeiny, fondateur de la République islamique, des centaines d'engins, des chars T72 aux missiles Scud en passant par les camions de pompiers et des milliers d'hommes de tous les corps, de l'infanterie à la milice islamiste, pour commémorer le début de la guerre contre l'Irak (1980-1988). La semaine de la "défense sacrée", entretenant le souvenir de la lutte contre les troupes de Saddam Hussein qui fit environ un million de morts dans les deux camps, selon les estimations occidentales, fournit traditionnellement l'occasion d'exalter le sentiment national. Elle est célébrée cette année sous la pression accrue de la communauté internationale, et notamment des Américains et des Européens, pour obtenir l'assurance que l'Iran ne met pas au point la bombe atomique. "Malgré toute l'animosité de nos ennemis, nous poursuivons notre politique de détente, mais nous insistons aussi pour devenir plus forts, militairement, politiquement et économiquement", a déclaré M. Khatami tandis que, sous ses yeux, les blessés de guerre en chaise roulante et les veuves et mères des "martyrs" en tchador ouvraient le défilé. "Nous sommes opposés à la propagation des armes de destruction massive et à l'existence même des armes atomiques, mais nous ne renoncerons pas à notre droit àdevenir plus forts dans les domaines scientifique et technologique", a-t-il dit. Le Chahab-3 a été présenté par les responsables iraniens comme l'illustration, purement "défensive et dissuasive", de la maîtrise technologique iranienne. Une demi-douzaine d'exemplaires en ont été exhibés lundi, pour la première fois en public et en aussi grand nombre depuis le dernier essai réussi le 7 juillet. Ces engins, "d'une portée de 1.700 km (...) sont capables d'atteindre le coeur de l'ennemi", selon le commentaire diffusé par les haut-parleurs. Le Chahab-3, version améliorée d'un missile sol-sol nord-coréen, a été livré le 20 juillet à l'armée idéologique du régime. Israël y a immédiatement vu une menace contre son territoire. "Nous écraserons l'Amérique sous nos pieds" et Israël doit être rayé de la carte", était-il écrit sur les remorques tractant les missiles avec leur rampe de lancement. "C'est le régime sioniste qui possède l'arsenal atomique le plus considérable et utilise les pires formes de terrorisme en Palestine alors que nous sommes partisans de la paix, de la stabilité et d'une région sans armes atomiques", a dit le président iranien. Pourtant, a-t-il poursuivi, c'est le peuple iranien,"pacifiste et juste qui est soumis à la pression internationale de la part de ceux-là mêmes qui soutiennent Israël, centre du terrorisme et des armes de destruction massive". Le 12 septembre, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui veille à la non-prolifération nucléaire, a donné à l'Iran jusqu'au 31 octobre pour fournir des garanties qu'il n'a pas détourné d'uranium pour fabriquer la bombe atomique. À défaut, il s'exposera à une saisine du Conseil de sécurité de l'Onu et à d'éventuelles sanctions. "Nous sommes préparés à défendre le pays", a dit M. Khatami, "qu'il s'agisse de l'organisation, de la stratégie ou du matériel, les forces armées sont parvenues à l'autosuffisance et ne permettront à personne d'agresser notre terre, la patrie, le peuple, la révolution et nos valeurs".