La satisfaction des besoins nationaux en céréales, et tout particulièrement en blé dur, demeure fortement tributaire des importations qui couvrent à hauteur de 70% la consommation locale. L'Algérie importe 1,5 million de tonnes de blé dur/an, soit environ 800 millions de dollars/an, ce qui représente 34,5% du total des importations en biens alimentaires. Cette dépendance du marché extérieur des céréales pose avec force la question récurrente de la sécurité alimentaire, maintes fois affirmée par les pouvoirs publics. Selon le ministre de l'Agriculture, le président de la République aurait fixé “un délai de 5 ans pour que la filière céréalière bouge”. L'intérêt accru manifesté par les plus hautes autorités du pays pour cette filière est, sans doute, la conséquence directe de la flambée des cours du blé dur sur le marché mondial, qui ont atteint 800 dollars la tonne en 2007. Un tel seuil de prix avait suscité beaucoup de craintes et soulevé moult questionnements, autour notamment de ce qu'il est désormais convenu de qualifier “d'arme alimentaire” ainsi que les chantages et pressions politiques qui en découlent, exercés par les pays producteurs sur ceux en développement. De même que ces cours ont eu des conséquences commerciales et financières, qui ont obéré lourdement la balance des échanges extérieurs des pays les plus pauvres. Dans ce contexte, et en dépit du retour à des prix plus ou moins “normalisés” — entre 250 et 300 dollars la tonne—, les pouvoirs publics ont pris un certain nombre de mesures incitatives pour booster cette filière avec comme objectif l'amélioration des rendements à l'hectare et l'augmentation de la production. Bien que les résultats obtenus demeurent insuffisants au regard notamment de la qualité de notre blé dur, ces mesures — telle la subvention de 45 000 dinars/tonne en faveur des producteurs locaux — ont permis un relatif accroissement des rendements à l'hectare qui sont passés de 11 quintaux/ha en 2008 à 13 quintaux/ha en 2009. Par ailleurs, des récoltes exceptionnelles ont été enregistrées ces deux dernières années, avec respectivement 61 millions de quintaux en 2009 et 45 millions en 2010. Il faut dire que les conditions climatiques et pluviométriques favorables, en plus de l'introduction de nouvelles techniques phytosanitaires, d'ensemencement et d'emblavement des terres cultivables, ont contribué grandement à la réalisation de ces performances ; ce qui fait dire à de nombreux experts que des possibilités réelles d'amélioration significative de la productivité de la filière céréalière existent effectivement. D'autres spécialistes des questions agricoles de même que des céréaliculteurs, tout en saluant les efforts fournis par l'Etat pour développer cette filière, ne sont pas moins critiques au regard des lacunes telles que les pénuries et la mauvaise qualité des engrais qui altèrent à la fois les rendements et la qualité de la production en blé dur.