Les émeutes, qui ont éclaté un peu partout en Algérie, ont fini par gagner, jeudi et vendredi, plusieurs localités de Béjaïa. Bilan : sept policiers et trois émeutiers blessés ; arrestation de quelque 20 manifestants à Akbou ; saccage de plusieurs édifices publics à Akbou, Tazmalt, Sidi-Aïch et Kherrata. Ainsi, le mouvement d'indignation, suscité par la flambée des prix et les pénuries de médicaments, d'anesthésiants et des produits de large consommation, a fini par se généraliser pour atteindre, vendredi, la ville de Kherrata. Retour sur un mouvement social, qui rappelle étrangement celui d'Octobre 1988. La ville d'Akbou, à quelque 70 km du chef-lieu de wilaya de Bejaïa, a été le théâtre, jeudi, de violents affrontements entre les forces de l'ordre et manifestants. Tout a commencé dans la matinée de jeudi lorsque des grappes de jeunes se sont regroupées sur la RN26 bloquant l'axe routier à la circulation en incendiant des pneus et construisant des barricades. Les manifestants ont organisé ensuite une marche vers le centre-ville pour faire sortir les travailleurs des institutions publiques de leurs lieux de travail. Et c'est en milieu d'après-midi que les escarmouches se sont transformées en émeutes après l'intervention des forces de l'ordre afin de disperser les manifestants. Lesquels manifestants s'affairaient à saccager les édifices publics. Parmi les immeubles ravagés : le nouveau siège du tribunal, l'annexe de la poste, la régie communale des eaux et Sonelgaz. Les forces de l'ordre sont intervenues en lançant des bombes lacrymogènes en direction des manifestants, qui comme à leur accoutumée, ripostaient par des jets de pierres et par des cocktails Molotov. Autre localité à connaître dans la soirée de jeudi des troubles : Tazmalt, à quelque 80 km de Béjaïa. Selon des sources concordantes locales, les troubles qui ont ébranlé la localité, jeudi soir, ont causé le saccage des sièges de Sonelgaz, de la recette des impôts, de la justice, du bureau communal de l'hygiène et de la bibliothèque municipale. Toujours dans la soirée du jeudi, on a appris de sources locales que des manifestants ont saccagé les sièges des entreprises publiques : Sonelgaz et l'Algérienne des Eaux. Un véhicule de l'entreprise de distribution de gaz a été incendié. Quelques kilomètres plus loin, à Seddouk plus précisément, des grappes de jeunes ont incendié des pneus, des poubelles en plastique avant d'essayer en vain de fermer la route. Mais l'intervention rapide des forces de l'ordre a fini par dissuader les “jeunes insurgés” d'inscrire leur mouvement dans la durée. La preuve, le calme est revenu dans la journée d'hier dans cette localité mais aussi à Tazmalt. Par contre, le mouvement s'est poursuivi dans les villes de Sidi-Aïch et d'Akbou. Cette dernière toujours a été sous l'emprise des affrontements entre manifestants qui ont assiégé le commissariat de la ville. À l'extrême-est de la wilaya de Béjaïa, dans la ville de Kherrata plus précisément, les émeutiers ont saccagé le siège de l'APC, a-t-on appris de sources locales. Dans le reste des localités de la région, tout est relativement calme pour le moment. On annonce néanmoins un début d'escarmouches dans les quartiers d'Ihaddaden à Béjaïa.