Résumé : Fettouma apprend par une infirmière que son mari venait de tomber au champ d'honneur. La nouvelle l'assomme. Mais elle se reprend vite pour chercher le moyen le moins brutal pour annoncer elle-même cette nouvelle à ses enfants et à ses beaux-parents. 54eme partie La jeune infirmière se lève et jette un coup d'œil à sa montre-bracelet : - Désolée Fettouma, j'aurais aimé t'annoncer une meilleure nouvelle. Fettouma hoche la tête sans pouvoir répondre. - J'aurais voulu pouvoir rester davantage avec toi, poursuit la jeune fille, mais tu connais ma situation. Personne ne devrait savoir qui je suis, ni pourquoi je suis venue. Fettouma la retient par le bras : - Veux-tu que je te donne un haïk ? La jeune fille hésite, puis hoche la tête : - Oui, c'est une bonne idée. Je vais faire en sorte de passer par le ruelles les plus sombres afin qu'on ne me voit pas. Elle enfile le voile blanc de Fettouma, puis l'embrasse longuement avant de la quitter en lui murmurant : “Que vive l'Algérie.“ Au seuil de la grande porte d'entrée, elle jette un coup d'œil inquisiteur avant de monter rapidement les escaliers. Elle rencontre une patrouille de soldats qui la dévisagèrent sans vergogne en lui lançant des obscénités. Elle remercie alors la providence de lui avoir permis de se camoufler dans ce haïk généreusement offert par Fettouma. Ces hommes l'avaient sûrement prise pour une vieille femme dans cette obscurité ambiante. Sinon ils n'auraient fait d'elle qu'une bouchée ! Elle arrive enfin au bout des escaliers et pousse un long soupir. Maintenant, il ne lui reste plus qu'à rejoindre les autres pour remonter au maquis. Fettouma faisait les cents pas dans sa chambre. Des questions se bousculaient dans sa tête. Son cœur saignait et son âme criait grâce. La souffrance la submergeait. Elle s'assoit un moment sur son lit. Les enfants ne vont pas tarder à rentrer. C'est l'heure du dîner. Aura-t-elle le courage de garder le secret devant eux et de leur servir à manger sans qu'ils se doutent de quoi que ce soit ? Elle refoule ses larmes puis essaye de se constituer un visage serein et sans aucune trace de chagrin, avant de se diriger vers la chambre de sa belle-mère. Cette dernière, toujours assise dans son lit, égrenait son chapelet. Fettouma évita son regard et se dirigea vers le coin le plus sombre de la pièce pour préparer le dîner. Mais le cœur n'y était pas. Elle laisse tomber son couteau et se laisse elle-même tomber sur un tabouret. Lla Kheira lui jette un regard curieux. - Qu'as-tu Fettouma ? Approche un peu par là que je te vois de plus près. Fettouma ne bronche pas. Ses jambes refusaient de la porter et un sanglot échappe de sa gorge. Lla Kheira se redresse, tous ses instincts en éveil. - Que se passe-t-il Fettouma ? Que me caches-tu ? Pourquoi sanglotes-tu ainsi dans le noir ? (à suivre) Y. H.