Faisant écho à l'émeute, déclenchée jeudi dernier, dans la commune de Mostéfa-Ben- Brahim (25 km à l'est du chef-lieu de wilaya), la ville de Sidi Bel-Abbès s'est embrasée samedi vers 18 heures. En effet, tout a commencé quand un groupe de jeunes en furie venant des quartiers voisins, et criant des slogans hostiles à l'Etat, ont pris d'assaut le bâtiment abritant le siège de la recette des impôts, au centre-ville, et qu'ils n'ont pas hésité à caillasser. Dès lors, le mouvement de protestation a fait tache d'huile et des unités des brigades antiémeutes ont été déployées à travers l'ensemble des quartiers de la ville. Ainsi, des affrontements ont éclaté entre manifestants et brigades antiémeutes, et ce, au moyen de jets de pierres du côté des manifestants et des éléments des forces de sécurité qui ripostaient à coups de bombes de gaz lacrymogène pour disperser la foule. Cependant, les voies d'accès au centre-ville, qui abrite plusieurs édifices publics et privés, notamment le siège de la wilaya, le tribunal, différentes banques, la grande-poste, les sièges de Djezzy et Nedjma, et les tours administratives, ont été quadrillées par les forces de l'ordre qui ont empêché les émeutiers de les atteindre, créant ainsi un désagrément aux automobilistes qui s'apprêtaient à rentrer chez eux. Selon des témoignages recueillis hier matin auprès des citoyens, au quartier populaire de Sidi-Djillali, des actes de vandalisme et de cambriolage ont été commis par des jeunes qui se sont tout d'abord attaqués aux panneaux de signalisation, lampadaires et abribus pour barricader les routes. Ensuite, des contingents de jeunes encagoulés et d'autres à visages découverts, dont le nombre grossissait au fur et à mesure, ont saccagé les bureaux des régies de l'OPGI, de l'ADE, le bureau de poste de la cité Benhamouda, le centre culturel Kateb-Yacine, le dépôt de l'entreprise Samsung, où l'on déplore le pillage d'une quantité importante de téléviseurs haut de gamme et autres appareils électroniques. Au niveau de l'avenue Aïssat-Idir, le siège de l'ex-direction régionale SN Sempac, qui abrite actuellement la direction de Sonatrach, n'a pas été épargnée par les manifestants puisqu'une partie de son administration et deux véhicules de service ont été complètement incendiés. Non loin de là, des jeunes, déchaînés se sont attaqués au siège de la radio locale de Sidi Bel-Abbès au niveau duquel la sécurité a été renforcée pour pallier une éventuelle attaque. Plus loin, à l'avenue de la Macta, les manifestants, après avoir arraché une partie du grillage du lycée El-Haouès et complètement incendié les bureaux et les salles de l'Office des établissements de jeunes (ex-CIAJ), ont dérobé des équipements informatiques et bureautiques. Au niveau des quartiers Serecor, faubourg-Perrin, Londeau, les rues Soleil, ex-Marcel- Cerdan, et boulevard Zabana, les manifestations ont aussi dégénéré en émeutes où les forces antiémeutes, qui ont investi en nombre les lieux, ont usé de gaz lacrymogène. Ils ont bloqué la circulation pendant plusieurs heures. Les confrontations entre les forces de l'ordre et les jeunes ados ont duré jusqu'à une heure tardive de la nuit par endroit. Malgré cela, la situation est demeurée maîtrisable malgré les débordements enregistrés çà et là. Hier matin, la capitale de la Mekerra a retrouvé son calme après une nuit enflammée, mais malgré le passage des services communaux de la voirie, les traces des émeutes étaient encore visibles. Selon la cellule de communication de la sûreté de wilaya, 10 policiers ont été blessés lors d'affrontements avec les émeutiers et ont été évacués vers les UMC du CHU Abdelkader-Hassani. La même source a indiqué que lors de ces manifestations, 58 jeunes émeutiers ont été interpellés et seront présentés jeudi devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi Bel-Abbès.