Le président français Nicolas Sarkozy était attendu, hier à la mi-journée, à Washington où il devait déjeuner avec son homologue Barack Obama, avec lequel il devait aussi avoir un entretien d'une heure. Ce voyage intervient à deux semaines de la conférence de presse de lancement de sa présidence du G20 et s'inscrit dans le cadre des consultations entreprises ces derniers mois et nécessaires à la définition da sa feuille de route. Nicolas Sarkozy veut faire de la lutte contre l'instabilité des changes et la volatilité des prix des matières premières une priorité de la présidence française du G20. “Les prix des matières premières sont affectés par une volatilité qui risque d'aller en grandissant au cours de l'année à venir”, estime-t-on à L'Elysée. Aussi faut-il “améliorer le fonctionnement des marchés de matières premières pour éviter des crises alimentaires graves”. C'est pourquoi, “ce point doit être traité au G20.” Les émeutes de ces derniers jours en Algérie, mais aussi un rapport alarmant de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation sur la hausse des prix alimentaires seraient des arguments de taille au service du président français pour convaincre son homologue américain de s'inscrire dans la même démarche. La France souhaite notamment une meilleure transparence sur les stocks et la demande de produits de base. Pour les produits agricoles, une FAO rénovée pourrait fournir ces informations aux marchés, organiser le dialogue entre producteurs et consommateurs et gérer les crises, pense-t-on encore à Paris, alors qu'on insiste sur la nécessité d'une réglementation plus rigoureuse concernant les produits dérivés des matières premières. Mais, au-delà de ce volet, le dossier sur lequel le président français semble déterminé à ne pas céder concerne le système monétaire international “soumis à de très fortes tensions qui ne vont pas s'apaiser” car “les déséquilibres mondiaux ne vont pas se résorber naturellement”, d'où “un risque de très forte volatilité des changes”. Ce dossier est particulièrement sensible et pourrait rencontrer des réticences américaines, Washington étant souvent critiqué pour avoir opéré des dévaluations du dollar injustifiées, en catimini. Mais, même si les Américains consentaient à fournir un effort en la matière, rien ne peut changer durablement si l'autre géant de l'économie mondiale, la Chine en l'occurrence, ne consent pas à réévaluer sa monnaie à la hausse. Au-delà de ces sujets phares, les deux chefs d'Etat devaient aborder les dossiers du nucléaire iranien, du processus de paix au Proche-Orient et de la situation en Afghanistan et en Côte d'Ivoire. Bien que s'inscrivant dans le cadre de sa présidence du G20, la visite de Nicolas Sarkozy se fixe aussi des objectifs de politique interne. Il va de soi qu'il voudrait faire de cette présidence un atout majeur, le moment venu, dans la campagne pour sa réélection éventuelle en 2012. Cela est d'autant plus utile pour lui si les socialistes désignaient Dominique Strauss Kahn comme candidat, celui-ci ayant définitivement acquis la réputation d'homme d'Etat après son passage réussi à la tête du FMI. Le calendrier lui est favorable de ce point de vue puisque sa présidence du G20 connaîtra son apogée en novembre, à l'occasion d'un sommet de l'organisation prévu à Cannes, dans le sud de la France. S'il venait à y arracher quelque succès, ce serait pour lui la meilleure manière de donner le coup d'envoi de sa campagne électorale.