À chaque fois que des progrès sont réalisés sur la voie de la paix entre Palestiniens et Israéliens, Tel-Aviv trouve le moyen de casser la dynamique, comme c'est le cas cette fois-ci avec cette affaire de démolition d'un ancien hôtel au cœur de Jérusalem-Est annexée, pour y construire vingt logements pour les juifs. Sachant pertinemment que ce bâtiment est chargé de symbole pour les Palestiniens, et que ces derniers n'allaient pas accepter cette énième provocation, Israël a tout de même opté comme à son habitude pour le fait accompli. Pour l'Autorité palestinienne, l'Etat hébreu a, par cet acte, sonné le glas des tentatives de reprise des négociations de paix. C'est ce qu'a déclaré Nabil Abou Roudeïna, le porte-parole du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui a estimé qu'“en opérant de la sorte, Israël a ruiné tous les efforts américains et mis fin à toute chance d'un retour aux négociations”. Même son de son chez le Hamas, qui a dénoncé “une tentative de judaïser la ville et d'isoler la Vieille ville (de Jérusalem) des quartiers arabes voisins”. Washington n'a également pas apprécié, si on en juge par les déclarations de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui a dénoncé une “évolution préoccupante qui compromet les efforts de paix visant à établir deux Etats pour parvenir à une solution”. Elle a déploré qu'“en fin de compte, l'absence d'une solution dans ce conflit nuit à Israël, nuit aux Palestiniens, nuit aux Etats-Unis ainsi qu'à la communauté internationale”. La démolition de l'ancien hôtel Shepherd, dans le quartier palestinien de Cheikh Jarrah, a été également condamnée “fermement” par l'UE, qui a affirmé par la voix de sa cheffe de la diplomatie Catherine Ashton dans un communiqué : “Je rappelle que les colonies sont illégales au regard du droit international”, tout en soulignant que “Jérusalem-Est fait partie des territoires palestiniens occupés” et que “l'UE ne reconnaît pas son annexion”. L'indignation des Palestiniens est d'autant plus vive que cette opération, qui s'inscrit pour ses promoteurs dans une stratégie de “judaïsation” de Jérusalem-Est, touche un bâtiment chargé d'histoire. Il a appartenu en effet à la famille de l'ancien grand mufti de Jérusalem Amine al Husseïni et a servi de résidence à cette figure de proue de la Grande révolte palestinienne de 1936 à 1939 contre les Britanniques et les sionistes, jusqu'à sa compromission durant la Seconde Guerre mondiale avec les nazis. L'hôtel confisqué par les Britanniques après 1945, jusqu'à la fin de leur mandat en Palestine en 1948, a été saisi en 1967 par l'Etat d'Israël et revendu à l'homme d'affaires Moskowitz. Le négociateur en chef palestinien, Saëb Erakat, estime que “l'Etat d'Israël démolit les propriétés palestiniennes les unes après les autres afin de nettoyer Jérusalem de son histoire, de son patrimoine et de ses habitants palestiniens”. Selon lui, “tandis que Netanyahu poursuit sa campagne de relations publiques sur le processus de paix, sur le terrain il agit rapidement pour empêcher l'établissement d'un Etat souverain palestinien”.