Réagissant jeudi à la décision israélienne d'étendre un quartier de colonisation à Jérusalem-Est, le secrétaire général de l'ONU a estimé que cela porterait un coup au processus de paix lancé le 27 novembre dernier à Annapolis. À chaque fois qu'un pas est fait en direction de la paix, les dirigeants de l'Etat hébreu trouvent toujours le moyen de casser la dynamique enclenchée à travers des décisions ou des opérations sur le terrain qui remettent le compteur à zéro. En effet, cette fois-ci c'est un avis d'appel d'offres pour la construction de 300 logements dans une colonie juive à Jérusalem-Est qui est à l'origine d'une condamnation quasi générale, parce que l'accord d'Annapolis stipulait clairement qu'il fallait stopper la colonisation. Cette décision est intervenue après la conférence du 27 novembre d'Annapolis où le gel de la colonisation juive a été réaffirmé. C'est le secrétaire général onusien, Ban ki-moon, qui a condamné personnellement cette décision en estimant qu'elle n'“aidait pas” le processus de paix au Proche-Orient, une dizaine de jours après la conférence d'Annapolis. Il a déclaré à la presse qu'il aborderait cette question avec ses partenaires du Quartette international sur la paix au Proche-Orient que sont les Etats-Unis, l'UE, l'ONU et la Russie. Il rappellera à l'occasion que “la position de l'ONU sur l'illégalité des colonies est bien connue”, avant d'expliquer que “ce nouvel appel d'offres pour la construction de plus de 300 logements à Jérusalem-Est qui intervient si près de la conférence d'Annapolis pour la paix au Proche-Orient, je pense, n'aide pas”. Selon la présidence de l'Autorité palestinienne, la décision du gouvernement d'Ehud Olmert “contrevient à toutes les ententes” conclues à Annapolis. “Si Israël n'annule pas cette décision, cela sabotera les résultats d'Annapolis avant même le début de leur application”, a averti le négociateur palestinien Saëb Erakat. Pour rappel, le président palestinien Mahmoud Abbas a exhorté le président américain George W. Bush à “intervenir immédiatement” pour faire cesser la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens. Dans un message adressé à M. Bush remis au consul américain à Jérusalem Jacob Walles, M. Abbas a demandé au président américain “d'intervenir immédiatement pour faire cesser la colonisation israélienne, en particulier la construction d'unités de logements à Jérusalem”, a déclaré Saleh Raafat, membre du comité exécutif de l'OLP. La même source palestinienne a indiqué que “cette lettre souligne que la poursuite de la colonisation sape le processus de paix et les négociations entre les deux camps”, qui doivent débuter le 12 décembre. Il y a lieu de rappeler qu'à la fin des années 1990, la construction du quartier de colonisation de Har Homa, sur une hauteur voisine de la ville palestinienne de Bethléem, avait provoqué une forte opposition de l'Autorité palestinienne et de vives critiques des Etats-Unis. Har Homa fait partie des quartiers dits du “grand Jérusalem” compris dans les limites de la municipalité de Jérusalem, considérée par tous les gouvernements israéliens depuis 1967 comme “la capitale éternelle, unifiée et indivisible d'Israël”. K. ABDELKAMEL