Les Nations unies ont entamé hier à New York leur grand débat annuel, qui sera dominé par l'Irak dans un climat alourdi par le nouvel attentat visant le siège de l'ONU à Bagdad et la controverse sur la transition politique dans ce pays. Quelque 80 chefs d'état ou de gouvernement ainsi que plus de 120 ministres des Affaires étrangères sont attendus à la tribune ou dans les coulisses de l'Assemblée générale de l'ONU jusqu'à la fin de la semaine prochaine. Le président américain George W. Bush doit prononcer dans la matinée un discours dans lequel, sans renier sa décision de partir en guerre sans mandat spécifique de l'ONU, il plaidera pour une plus grande implication internationale en Irak, où Washington fait face à une situation de plus en plus coûteuse et difficile. Washington a, pour cela, présenté un projet de résolution au Conseil de sécurité élargissant le mandat de l'ONU en Irak, qui se heurte aux demandes de plusieurs pays en faveur d'un retour le plus vite possible à une souveraineté irakienne sur le pays, actuellement administré par la puissance occupante. Le président français Jacques Chirac, chef de file des opposants à la guerre au début de l'année, s'exprimera peu après M. Bush pour plaider pour un calendrier rapide de retour à une souveraineté normale en Irak et pour que l'ONU joue un rôle central dans le processus. M. Chirac a, toutefois, fait savoir que la France ne comptait pas aller jusqu'à mettre son veto au projet américain, comme elle avait menacé de le faire en mars dernier pour s'opposer à une résolution qui aurait donné la caution de l'ONU au conflit. La conseillère du président Bush pour la sécurité nationale, Condoleezza Rice, a rejeté lundi les idées françaises, qu'elle a qualifiées de “pas réalisables”. MM. Bush et Chirac — ce dernier a affirmé lundi que l'amitié franco-américaine était “plus forte que nos divergences” — doivent, par ailleurs, avoir un entretien bilatéral en milieu de journée. Le président américain a déclaré lundi qu'il espérait toujours convaincre son homologue français du bien-fondé de sa politique en Irak et du calendrier proposé par Washington, à savoir “une constitution”, des “élections” avant le “transfert de souveraineté”. L'attentat suicide aux abords du siège de l'ONU à Bagdad, qui a fait deux morts dont son auteur, est survenu un mois environ après celui qui avait, le 19 août dernier, coûté la vie à 22 personnes, dont le représentant des Nations unies en Irak, Sergio Vieira de Mello. Le président afghan, Hamid Karzaï, qui plaide inlassablement pour que son pays ne soit pas oublié au profit de l'Irak, et le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, mis à l'index par de nombreux pays occidentaux qui dénoncent la dérive autoritaire de son régime, font partie des principaux orateurs attendus hier.